Théâtre 14, Paris - jusqu’au 25 octobre
La journée des dupes de Jacques Rampal
Ou le triomphe de Richelieu
Un cardinal, une reine mère et un jeune roi ou l’apprentissage du pouvoir.
Le 13 août 1624, le cardinal de Richelieu est nommé par le Roi principal ministre. Il a enfin le pouvoir suprême. Un ambassadeur commenta cette nouvelle qui allait changer la donne politique : « Autant qu’il est possible de prévoir humainement l’avenir, ce nouvel édifice ne s’écroulera pas aussi facilement que les autres ».
Dans nos livres d’histoire le cardinal de Richelieu nous apparaît tel que l’a immortalisé Philippe de Champaigne : Un homme grand, impérieux, long et mince. Des moustaches noires et sa petite barbiche soulignent ses yeux noirs vifs et sans aménités. Armand-Jean du Plessis de Richelieu est un seigneur. Il commande et il est obéit. La Reine mère Marie de Médicis aurait dû se souvenir de tout cela avant ce matin de l’an de grâce 1630 où elle décida de répudier le cardinal de Richelieu. Le roi, Louis XIII ne peut que la suivre. Mais Marie de Médicis va découvrir que son fils a décidé de s’émanciper de sa politique tutélaire, et que celui-ci va reconduire dans ses fonctions celui qui œuvra pour la grandeur de la France et du royaume. Perdu le matin, destitué le midi, rentré en grâce le soir, l’histoire a retenu cette journée, où toutes les vanités furent mise à mal, comme la journée des dupes.
D’un cardinal à un autre
Jacques Rampal doit son plus grand succès à la suite qu’il a imaginé au « Misanthrope » de Molière dans « Célimène et le cardinal ». La pourpre inspire Jacques Rampal qui a habilement brossé cette journée si particulière. Il plante le contexte historique, choisit quelques personnages et tourne sa pièce en alexandrins avec panache. Il faut dire que la réalité dépasse les ressorts dramatiques, Richelieu surgissant d’une porte dérobée est un vrai coup de théâtre !
Yves Pignot est un bon artisan de la scène, il fait évoluer ses dupes et ses dupés devant un beau panorama d’un ciel bleu, peu de décors mais des costumes d’époque, ici absolument indispensables. La distribution nous a semblé moins convaincante. Les portraits de Richelieu représentent un seigneur, un prince de l’église. Emmanuel Dechartre manque un peu de hauteur, de pugnacité, mais il n’a pas à rougir de sa prestation. La reine, Julie Ravicz ne nous a pas convaincue, c’était assurément un mauvais jour. Par contre Daniel-Jean Colloredo est un formidable père Joseph. On s’étonnera encore du peu de discernement de certains metteurs en scène qui ne savent pas employer ce comédien. Le rôle de Louis XIII est difficile à tenir, il faut mettre à la porte les idées reçues en partie fausses, véhiculées par Dumas. Benoit Solès campe un roi tout en complexité, en paradoxe, il donne envie de cheminer avec ce roi qui passe pour un être pâle, alors qu’il s’affirme pendant cette journée des dupes. Les français adorent les pièces historiques et, alors que l’histoire disparaît des programmes de l’éducation nationale, le théâtre prend le relai. Les plus jeunes apprendront et les plus anciens réviseront.
La journée des Dupes de Jacques Rampal, mise en scène de Yves Pignot, avec Emmanuel Dechartre, Benoit Solès, Julie Ravicz, Cécile Paoli, Daniel-Jean Colloredo,
Théâtre 14 Tel :01 45 45 49 77. jusqu’au 25 octobre.
Crédit photos : LOT