" La culture, un levier de développement "

Maria Niculescu, Directrice de la coopération de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie

" La culture, un levier de développement "

Webthea : Maria Niculescu, vous êtes professeur, et également à la tête de la Direction de la coopération de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie, quel est le rôle de cet organisme dans le domaine culturel ?

Maria Niculescu : L’Agence intergouvernementale est l’opérateur principal de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Elle met oeuvre des actions de coopération dans les domaines d’intérêt privilégiés pour les pays membres.
L’agence intervient dans le domaine culturel au niveau artistique, mais aussi politique et économique. Elle met en place un certain nombre d’actions d’appui à l’élaboration des politiques culturelles premièrement, d’appui au développement des activités des artistes et à leur circulation en deuxième lieu. L’agence a également développé ces dernières années un projet intégré de soutien au développement des industries culturelles.
La Francophonie cherche à assurer des synergies entre les divers intervenants des industries culturelles. Nous sommes entre les pays du Sud et les pays du Nord. Il y a du savoir dans les pays du Sud, mais il y en a aussi dans les pays du Nord. Le point intéressant de toutes nos actions est que l’on a pu mettre à la même table des gens du Nord et du Sud, permettre des échanges, des transmissions de savoirs et d’expériences. Et tout cela se fait au profit du développement.

Webthea : Pourquoi la Francophonie s’implique-t-elle autant dans le domaine culturel ?

Maria Niculescu : La promotion de la culture, dans le sens le plus large du terme, se trouve au cœur des objectifs de la Francophonie. Elle s’attache à la protection de la diversité culturelle. Cela veut dire, laisser la possibilité à chaque pays de développer des produits et des services culturels qui lui soient propres, et surtout maintenir la culture en marge des accords commerciaux internationaux négociés dans le cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce. Si on les soumet aux mêmes règles que les autres produits on arrivera, dans le domaine de la culture, à une uniformisation, puis au développement et à la diffusion des produits et services des grandes multinationales. Les industries culturelles représentent donc, pour nous, une concrétisation sur le terrain de la politique de la diversité culturelle.
Dans les pays du Sud, la culture a souvent une contribution au PIB plus importante que celle de l’agriculture. Les secteurs d’activités liés à la culture peuvent donc devenir un levier de développement important.

Webthea : Par quelles actions concrètes cette politique se traduit-elle sur le terrain ?

Maria Niculescu : Elles portent sur le développement économique des entreprises privées opérant dans tous les secteurs de la culture.
On a par exemple mis en place dans neuf pays d’Afrique centrale, d’Afrique de l’Ouest et du Maghreb un fond de garantie des entreprises culturelles. Nous avons créé ce fond, en 2002, tout simplement pour faciliter l’accès au crédit des entrepreneurs culturels. Le but est d’inciter les banques, et les autres institutions financières, à s’ouvrir aux secteurs de la culture.
Si une entreprise a besoin d’un crédit, elle présente sa demande à une banque commerciale de son pays. C’est la banque commerciale qui exige au fond de garantir le crédit, car la personne n’a pas forcément les garanties nécessaires. Ainsi c’est notre fond de garantie qui va répondre à la demande de la banque. Le crédit sera garanti à 70% par le fond créé par l’Agence, et les 30% restants seront garantis par la banque qui présente le dossier.
Pour nous, c’est la première pierre d’un projet plus vaste qui est destiné à structurer les industries culturelles de pays membres.

Webthea : Quelles actions sont prévues dans le domaine culturel en 2005 ?

Maria Niculescu : On va continuer notre démarche, et proposer quelques actions clés. On se propose de poursuivre toutes les actions d’accompagnement qui ont été mises en place autour de ce fond de garantie : la formation des entrepreneur, des colloques de sensibilisation des gouvernements et de la société civile à la composante économique de la culture et à l’intérêt qu’elle comporte, etc.
En parallèle, nous allons réaliser des actions très concrètes comme la création d’une base de données sur les entrepreneurs culturels, et sur toutes les institutions d’assistance technique et de formation qui existent en Afrique. Cela évitera de faire double emploi et permettra de transférer nos compétences vers ces institutions.

Agence intergouvernementale de la Francophonie

Propos recueillis par Elodie Martinez

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Elodie Martinez

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