Julie telle que de Nadia Xerri-L
Du fait divers au drame intime

Dans Un couteau dans la nuit, Nadia Xerri-L racontait l’histoire d’une famille modeste, sans histoires comme on dit, dont la petite vie de province sans avenir se trouve brutalement bouleversée par l’accusation de crime portée contre le fils aîné.
Parallèlement à l’écriture de la pièce bâtie autour de ce fait divers, l’auteur a écrit un court texte qui reprend l’histoire du point de vue de la sœur de l’accusé.
Le texte, habilement construit, délivre tous les éléments nécessaires à la compréhension de la situation. Contrepoint ou texte indépendant, Julie telle quelle brosse le portrait d’une jeune fille en plein désarroi, du jour au lendemain, son modèle absolu est tombé de son piédestal et son crime supposé a jeté l’opprobre sur toute la famille. Il n’y a guère qu’à la faculté où on ignore le drame qu’elle peut respirer.
Le jour du procès, elle n’a pas la force de se rendre au tribunal et elle a de bonnes raisons pour cela. C’est qu’elle a pris une décision courageuse mais impossible pour elle à assumer.
L’écriture sèche tranche à vif dans la chair des mots pour en libérer toute la douleur. Le drame se défait de la trivialité du fait divers pour entrer dans la sphère de l’intimité singulière. Si la mise en scène de l’auteur n’est pas toujours très lisible, s’encombrant parfois de détours inutiles, l’interprétation de Shams el Karoui tout en retenue est d’une sobriété et d’une densité qui avive les angles vifs du texte.
Dans la pénombre du plateau éclairé par des lumières latérales ou indirectes, elle conduit son personnage jusqu’au bout de sa route, première victime collatérale d’un drame devenu le sien à son cœur défendant.
Julie telle que de Nadia Xerri-L, mise en scène de l’auteur, avec Shams El Karoui. Collaboration artistique, Jean-Louis Fournier, scénographie, Caroline Foulonneau, création sonore Gaël Desbois.
A Avignon jusqu’au 31 juillet à la Manufacture à 15h50 (jours pairs).
Tel 04 90 85 12 71. Durée : 1 heure.