Petit Louvre Avignon jusqu’au 31 juillet

Il aurait suffi

Le cri silencieux de celles qui ont honte du mal qu’on leur a fait

Il aurait suffi

Un spectacle de la Compagnie Jacques Kraemer est forcément un rendez vous que l’on ne saurait manquer tant ce metteur en scène sait toujours nous interpeler et nous surprendre, car il sait nous entrainer dans des eaux bien différentes. L’année dernière il nous avait convié à un réjouissant spectacle « Agnès 68 ». Cette année avec « il aurait suffi », il aborde le scandale de ces jeunes filles de banlieue difficile qui ont été violées et mise à l’index.

Il aurait suffi que tu sois mon frère dit Aïda au collégien qu’elle est venue voir en prison. C’est lui qui a organisé les tournantes pendant lesquelles elle a été violée, humiliée, salie au plus profond de son être.
Comment ces garçons qui respectent leur mère, gardent jalousement l’honneur de leur sœur et peuvent devenir des tortionnaires du sexe, accuser les jeunes filles qu’ils ont torturé, certaines se murant dans un silence étouffant.
Parfois les violeurs ne comprennent pas ce qu’on leur reproche. Pour eux, une femme violée le veut bien. Bêtes à pleurer, ces crétins graines de machos terrifiant de stupides méchancetés se présentent comme des bons fils, des frères irréprochables, victimes de femmes faciles.

Le spectacle est découpé en trois parties, chacune bouleversante ou révoltante. Jacques Kraemer a fait une mise en scène serrée sur les textes, sur les personnages comme des gros plans qui sont à la fois impudiques et nécessaires pour nous faire réagir. Son montage de textes est très habile, il ne nous laisse aucun répit, comme à ces pauvres gamines spoliées de leur innocence et de leur enfance. Roxanne Kasperski est une toute jeune comédienne. Elle est inouïe d’émotion de pudeur, de retenue, son cri nous prend aux tripes. Simon-Pierre Ramon donne au monologue du violeur qui ne comprend pas de quoi il est coupable toute la morgue et l’inconsciente affligeante. Jacques Kraemer a réussit à faire à la fois un spectacle qui est militant, informatif, salutairement dérangeant.

D’après les textes de Pauline Sales, Samira Bellil, Simon-pierre Ramon
Mise en scène de Jacques Kraemer, avec Roxanne Kasperski et Simon-Pierre Ramon
Festival OFF Avignon
Petit Louvre Tél :04 32 76 02 79 jusqu’au 31 Juillet 2009

A propos de l'auteur
Marie-Laure Atinault
Marie-Laure Atinault

Le début de sa vie fut compliqué ! Son vrai nom est Cosette, et son enfance ne fut pas facile ! Les Thénardier ne lui firent grâce de rien, théâtre, cinéma, musée, château. Un dur apprentissage. Une fois libérée à la majorité, elle se consacra aux...

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