Déshonorée de Gonzalo Demaría
Règlement de comptes à Buenos Aires
Les spectacles d’Alfredo Arias tournent beaucoup autour des figures de Buenos Aires, du tango et d’Eva Peron. En 2009/2010, Arias avait mis en scène Trois Tangos sur un livret de Gonzalo Demaría avec Marcos Montes et Alejandra Radano qui jouaient également dans Tatouage, très beau spectacle à propos d’Eva Peron. On retrouve le quatuor dans Déshonorée qui met en scène un long interrogatoire conduit par la commission d’épuration mise en place après la mort d’Eva Peron par les chefs de la revolución libertadora à la fin des années 50. L’accusée, qui fait figure de victime, Fanny Navarro, très proche de la Señora, est convaincue d’avoir contribué à améliorer le sort des « sans-chemises ». Le capitaine Gandhi, le mal nommé, se montre peu disposé à dispenser paix et pardon ; il fait le procès d’Evita par procuration. Fanny Navarro, actrice de seconde zone, rencontre peut-être ici son meilleur rôle, comme le souligne perfidement le capitaine. Alejandra Radano lui prête sa voix admirable pour chanter les louanges de son idole, Eva Peron.
Le texte de Demaría n’a pas la qualité et la fluidité de Tatouage. La mise en scène d’Arias, un peu affectée, emprunte au mélodrame et à l’expressionnisme conjugués à un certain onirisme cauchemardesque dans une scénographie très géométrique qui souligne l’antagonisme des forces en présence et par là la division de l’Argentine, perpétuellement déchirée. Le spectacle, quelque peu contraint, ne vibre pas à la hauteur des inflexions tragiques des chansons à la gloire d’Evita et de l’Argentine.
Déshonorée de Gonzalo Demaría ; adaptation, mise en scène et scénographie, Alfredo Arias ; costumes, Pablo Ramirez ; lumières, Gonzalo Cordova ; son, thierry Legeai. Avec Alejandra Radano et Marcos Montes. Au théâtre du rond-Point jusqu’au 19 juin 2016. Du mardi au samedi à 21h, dimanche 15h30. Durée : 1h10. Tel : 01 44 95 98 21.
www.theatredurondpoint.fr
photo Patricia Ackerman