A la Comédie Bastille

Comme ils disent

Deux hommes... Oh !

Comme ils disent

Canard aime Poussin et Poussin aime Canard. Ils forment un couple tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Avec ses joies et ses épreuves, ses bonheurs et ses déceptions. Canard et Poussin sont jaloux, même s’ils ne se sont rien promis. Canard et Poussin ont quelque mal à passer le cap de la quarantaine. Canard et Poussin forment un couple comme tant d’autres. À ceci près que Poussin s’appelle Phil et que Canard se prénomme David.

Christophe Dauphin et Pascal Rocher, qui ont écrit et interprètent Comme ils disent ont conçu là un spectacle rare. Écrire une pièce sur le quotidien d’un couple homosexuel n’était pourtant pas dénué de risques. Le premier danger, qui n’est d’ailleurs pas spécifique aux pièces qui évoquent l’univers gay, était la grivoiserie, l’humour salace, les allusions et les blagues au-dessous de la ceinture. Là, rien de tel et les deux auteurs-interprètes savent être drôles sans recourir à certaines grosses ficelles que d’autres emploient sans vergogne. Ils ont su, et c’est là que réside surtout le mérite de leur pièce, éviter deux écueils en quelque sorte parallèles. D’une part celui du communautarisme, de ce qu’on pourrait appeler les spectacles-ghettos : des spectacles faits par des homos pour des homos. Rien de plus triste que ce « on reste entre nous » qui est toujours le signe d’un échec. Ils ont su également, et c’est heureux, ne pas singer les couples hétéros : ce serait avouer en quelque sorte l’impossibilité pour des homosexuels de s’adresser en tant que tels à des hétérosexuels. Or la réussite de Comme ils disent, c’est justement de s’adresser à tous, de montrer un couple qui, en dehors de quelques problèmes particuliers, comme la question de l’homoparentalité ou de la difficulté d’avouer à ses proches une sexualité différente, ont les difficultés que rencontrent tous les humains qui décident un jour de vivre à deux, ni plus ni moins.

En une douzaine de tableaux, nous suivons les tribulations de ce couple (extra)ordinaire au retaurant, à la plage ou au Louvre. On rit pendant tout le spectacle, et il y a un vrai bonheur à être pendant 1 h 10 en compagnie de ces deux-là, qui ne sont pas des caricatures, mais bien de vrais personnages drôles et touchants, risibles mais pas ridicules (pas plus que chacun de nous en tout cas) et vraiment attachants. Un spectacle drôle et intelligent, à ne surtout pas manquer !

Comme ils disent de et avec Christophe Dauphin et Pascal Rocher. Mise en scène de Christophe Canard. À la Comédie Bastille. Relâche du 1er au 11 septembre inclus. Reprise à partir du vendredi 12 septembre 2008, du mardi au samedi à 19 h 30. Durée : 1 h 10.

Photo : Steve Bouteiller.

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Karim Haouadeg

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