l’Île de Vénus de Gilles Costaz
L’amour et les hasards d’un naufrage
« J’ai espéré pendant des années l’apparition d’une femme et celle qui m’arrive ne me va pas du tout », s’exclame Roger, savant de grand renom, qui depuis douze ans survit tant bien que mal sur une île déserte qu’il a baptisée Vénus. Et voilà qu’en pleine préparation d’une brochette de tamanoir, surgit, bousculant son train-train, une vénus en chair en os, mannequin de son état et qui vient d’échouer à son tour. De toute évidence, ces deux-là ne sont pas faits pour s’entendre, l’un « vole trop haut », l’autre « trop bas ». « Je vous déteste, mais si on s’aimait ce serait mieux » remarque Florence, lucide. Leur condition de naufragés ne fait pas d’eux de bons sauvages, loin de là. On parle de soi sans vraiment écouter l’autre, on ne discute pas on dispute. Plutôt que de s’allier dans l’adversité, ils décident de faire île à part….. Jusqu’à ce qu’au fil de rencontres de moins en moins fortuites, ils finissent par s’apprivoiser et faire que l’atmosphère de cette île soit « plus douce, moins rugueuse ».
Sous la sobre direction de Thierry Harcourt, Julie Dabezac et Nicolas Vaude, "même si parfois ce dernier baisse un peu trop la voix -, donnent toute sa saveur d’amère ironie à une fable qui fait avec humour un clin d’œil à Marivaux pour nous dire deux ou trois choses fâcheuses sur nos égoïsmes et nos obstinations imbéciles et, partant, sur la difficulté de vivre ensemble.