Tosca de Giacomo Puccini
Un décor symbolique, un orchestre somptueux
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- 1er juillet 2019
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Cette production de « Tosca », déjà commentée sur le site de Webthéâtre en mars 2014, se caractérise par son décor extrêmement symbolique. Paco Azorin, également signataire de la mise en scène, a placé le premier acte dans une église aux murs d’un noir très brillant, décorés d’icônes multicolores d’un grand effet. Un décor réaliste à première vue, dont la couleur noire évoque le drame qui va se nouer dès la fin de l’acte, et sans aucune ressemblance avec celle de Sant’Andrea della Valle. Lors du deuxième acte on a retrouvé le bureau de Scarpia, oh combien simplifié, adossé à l’église de l’acte précédant et enrichi d’une chambre de tortures à sa gauche et d’un cachot rempli de prisonniers, à sa droite. Y aurait-il un rapport entre la religion romaine et la répression politique des forces d’occupation des Deux Siciles, installées à Rome en 1800, le moment historique du conte ?
Au troisième acte, Paco Azorin a placé la prison du Castel Sant’Angelo au sous-sol du bâtiment. Cela suggère fortement que l’emprisonnement de l’artiste-politicien serait bien le résultat de l’effet conjugué des institutions politiques -car il est ami d’Angelotti-, mais aussi religieuses : le sacristain l’accuse d’être « un chien ami des voltairiens ». Le décor, de plus en plus éloigné du réalisme avec la progression de l’opéra, donne une juste mesure de la progression dramatique de l’histoire des amoureux naïfs et de leur persécuteur féroce. Grâce à la scénographie proposée, le décorateur a énormément facilité le travail du metteur en scène : son décor dit tout de l’ambiance qui animera le drame.
John Fiore a dirigé l’orchestre de la maison de main de maître. Attentif à la fosse mais aussi à la scène, le directeur a obtenu de ses musiciens des moments musicaux on ne peut plus pucciniens. Il a accentué les notes clé des phrases musicales les plus illustratives des sentiments des uns et des autres, exprimant l’amour ou le désespoir du couple protagoniste, ou alors caractérisant la volonté de faire le mal de la part du gouvernant félon. Il a également respecté, dans la mesure du possible, les caractéristiques vocales des artistes sur scène.
Jonathan Tetelman -Mario- a bien compris les doutes du personnage du peintre amoureux. S’il a bien tiré son épingle du jeu par son travail dramatique, vocalement il n’a pas convaincu. Le public a sanctionné ses deux airs principaux, très attendus, par de tièdes applaudissements, montrant ainsi sa déception. Certes, le ténor américain possède un bel instrument vocal, il a chanté juste, son timbre traduit une personnalité indéniable et sa prosodie italienne est parfaite. En revanche son émission, beaucoup trop faible, n’a pas réussi à caractériser le désespoir de l’artiste peintre face à sa mort certaine et solitaire, dans un moment historique transcendent.
Le baryton Erwin Schrott a joué le rôle de Scarpia dans une pure tradition vériste : la voix toujours agressive, le geste neutre et même sophistiqué au début, est devenu progressivement violent. Son émission a été juste, son timbre régulier. On lui pardonnera sa recherche de l’effet dramatique lorsqu’il a accentué certaines syllabes, choisies un peu au hasard au milieu d’un mot, pour renforcer telle ou telle phrase musicale.
Liudmyla Monastyrska -Tosca- aura été le point faible de la distribution. Non pas que son timbre n’ait pas convaincu, ni que sa présence sur scène n’ait pas été à la hauteur. Mais sa volonté affichée de montrer sa puissance vocale à tout moment a fortement enlaidi sa prestation. Ajoutons que son vibrato à tout bout de champ et sa faible maitrise de la langue italienne n’ont pas, non plus, contribué à faire apprécier son travail.
Stefano Palatchi, à la voix un peu usée, a joué un Angelotti très acceptable, alors qu’Enric Martínez-Castignani a interprété un sacristain plus intéressé par son jeu que par son chant. Le couple de sbires -Francisco Vas (Spoletta) et Josep-Ramon Olivé (Sciarrone)- ont prêté main forte au méchant Scarpia avec une soumission obstinée.
Le chœur de la maison, bien préparé par Conxita Garcia a bien réussi son « Te Deum » au terme d’un crescendo de grande tension. Son intervention au second acte, hors scène a été d’une grande classe.
« Tosca » Mélodrame en trois actes de Giacomo Puccini. Livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa. Coproduction Gran Teatre del Liceu, Teatro de la Maestranza (Séville) Mise en scène et décors de Paco Azorín. Orchestre du Gran Teatre del Liceu. Direction musicale John Fiore. Chanteurs (le 27 juin 2019) : Liudmyla Monastyrska, Jonathan Tetelman, Erwin Schrott, Stefano Palatchi, Enric Martínez-Castignani, Francisco Vas, Josep-Ramon Olivé, Marc Pujol, Inés Ballesteros.
Gran Teatre del Liceu avec cette distribution les 9, 13, 16, 19, 21, 25, 27 juin.
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Photos Antoni Bofill