Toi tu te tais de Narcisse

Un slameur moqueur

Toi tu te tais de Narcisse

Narcisse n’est pas vraiment narcissique. L’artiste a choisi ce nom pour se décaler, sans doute, des pseudonymes d’une anglophonie si débordante aujourd’hui. C’est un surnom culturel et, s’il y a des miroirs qui renvoient des images dans son spectacle, ce sont des écrans plasma qui ne sont pas marcissiques mais reflètent le tourbillon médiatique : moments d’actualités, publicités, extraits d’émissions choc, visages de célébrités et d’inconnus… Narcisse, ce slameur suisse auquel on doit, entre autres, un beau clip en l’honneur des soignants, se moque de ceux qui se donnent une importance exagérée (« Toi tu te tais ! ») et entreprend de faire la peau à ce monde en délire où l’individualisme et l’incohérence se donnent en vedettes..
Il propose une forme futuriste du show. La mise en scène de Gérard Diggelmann l’enveloppe d’images qui surgissent, sur un simple mouvement du doigt, en différents points du fond de scène, de sons et de musique. En costume noir, mi-inquiétant mi-souriant, il fait défiler les absurdités de l’ère moderne, s’amusant d’une « civilisation où l’on a passé plus de temps à visionner des stupidités qu’à construire les pyramides d’Egypte » et d’une époque où « c’est quand même marrant de vivre à un moment où « c’était mieux avant ». Avec le musicien, Robin Pagès, et des obligations techniques plutôt complexes, l’accord est parfait. Mais, s’il revendique sa fraternité avec les grands rebelles (Mandela, Sankara) et les poètes (Hugo, Gainsbourg), il reste slameur moqueur où tout tombe à point nommé, mais sans véritable surprise. C’est de la confection impeccable, mais, dans ces vers bien quadrillés, la poésie est encore trop tranquille. Sur la bonne voie, mais éloignée des Devos, Sol et autres malaxeurs de vocables. En tant que show, cependant, c’est séduisant et brillant.

Toi tu te tais de Narcisse, mise en scène de Gérard Diggelmann, avec Narcisse et Robin Pagès (piano et guitare).

Théâtre de Trévise, le lundi, 19 h ; tél. : 01 45 23 35 45, à partir de la mi-décembre jusqu’en février. (Durée : 1 h 15).

Photo Philippe Escalier.

A propos de l'auteur
Gilles Costaz
Gilles Costaz

Journaliste et auteur de théâtre, longtemps président du Syndicat de la critique, il a collaboré à de nombreux journaux, des « Echos » à « Paris-Match ». Il participe à l’émission de Jérôme Garcin « Le Masque et la Plume » sur France-Inter...

Voir la fiche complète de l'auteur

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook