jusqu’au 24 août

Le Théâtre du Peuple à Bussang

Un festival aux couleurs québécoises

Le Théâtre du Peuple à Bussang

Créé en 1895 par Maurice Pottecher, ami de Romain Rolland, Le Théâtre du peuple de Bussang est le véritable berceau du théâtre populaire tel que l’ont rêvé d’abord Firmin Gémier puis Jean Vilar. Inscrivant au fronton de sa nef de bois « l’art pour l’humanité » il épelle, à sa manière, l’utopie humaniste qui irriguera, après la seconde guerre mondiale, la belle idée de l’éducation populaire. Classé monument historique en 1976, il reste un lieu unique, aussi bien par la majesté du site que par sa longévité et la tradition qui s’y perpétue depuis son origine. Celle qui veut que les spectacles programmés mêlent comédiens professionnels et amateurs et soient conçus pour que le fond de scène s’ouvre sur la forêt vosgienne.

Si en dépit de ses 119 ans d’existence, il draine un large public c’est qu’il a su vieillir sans prendre de rides, s’adapter à la dramaturgie contemporaine sans déroger aux principes qui le fondent.

Son actuel directeur, Vincent Goethals, attaché au vif des écritures, est de ceux qui contribuent à lui tonifier les artères en consacrant l’essentiel de sa programmation à des auteurs francophones auxquels il passe commande. De ceux qui, différents dans leur style, ont en commun de nous dire quelque chose du monde et de nous. Après le français Laurent Gaudé en 2012 (Caillasse) le Belge Stanislas Cotton (Et si nos pas nous portent), c’est, cette année, et parce que ses « pièces nous touchent au plus profond de nous-même », à la québécoise Carole Frechette qu’il a demandé « de se lancer dans l’écriture d’une grande fresque pour le spectacle de l’après-midi ». Une commande que l’auteur(e) intimiste de La Peau d’Elisa , Le Collier d’Hélène et autres lumineuses perles dramaturgiques, a accepté comme un défi. « Disons, dit-elle, que j’aime à parler du monde par le petit bout de la lorgnette, et le fait d’avoir à imaginer une pièce où il y aurait une trentaine de personnages, ça m’a amenée dans des sentiers où je n’étais jamais allée ». Aux détours de ces sentiers a surgi l’héroïne de Small Talk , Justine, une jeune femme qui a du mal à communiquer avec ses contemporains et décide de se prendre en main. « Une œuvre ample, aussi drôle que déchirante, sur soi, sur l’Autre et sur ce qui est essentiel sur le lien entre les deux », (publiée chez Actes-Sud Papiers) qui ouvrira le Festival.

Depuis qu’il a mis en scène, il y a quelques années, Le Pont de pierres et la peau

d’images de Daniel Danis, Vincent Goethals aime à revenir au théâtre jeune public. Un retour auquel par son atmosphère et la diversité de son public, se prête particulièrement le Festival de Bussang. Ce sera donc Catalina in fine de Fabrice Melquiot , l’histoire insolite tissée d’humour, d’angoisse et d’émotion d’une petite fille qui a deux visages qui se contredisent. L’un pleure quand l’autre rit, l’un parle le jour, l’autre la nuit. Catalina est une drôle de petite fille rebelle qui essaie de s’accommoder de sa différence et de trouver sa place dans la société.

Au programme encore, la pièce du québécois Sébastien Harrisson, D’Alaska qui met en scène une bibliothécaire retraitée et un ado fugueur et nous parle entre rire et larmes de la solitude, d’espoirs et d’amour(s)… Enfin, et fort du succès des propositions faites à 18h30, Vincent Goethals nous invite à découvrir la verve toute québécoise de Marie-Eve Peron auteur(e) et comédienne, qu’on a pu voir dans de nombreux spectacles de Wajdi Mouawad et qui propose deux one woman show de son cru, notamment Marion fait maison dans lequel elle s’en prend avec une gouaille affûtée à ces télé-réalités « où de soi-disant maîtres du bon goût tracent, sans vergogne, des frontières douteuses entre le laid et le beau »

Entre les mirabelles d’août et le sirop d’érable, cette saison au Théâtre du Peuple s’annonce particulièrement goûteuse.

Festival de Bussang-Théâtre du Peuple 12 juillet - 24 août tel 03 29 61 50 48
www.theatredupeuple.com / reservation@theatredupeuple.com

Photos ©Jean- Jacques Utz "Catalina in fine" © Jean-Marc Lobbé

A propos de l'auteur
Dominique Darzacq
Dominique Darzacq

Journaliste, critique a collaboré notamment à France Inter, Connaissance des Arts, Le Monde, Révolution, TFI. En free lance a collaboré et collabore à divers revues et publications : notamment, Le Journal du Théâtre, Itinéraire, Théâtre Aujourd’hui....

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