Arlette Téphany, une grande figure du théâtre
Elle s’est éteinte à l’âge de 83 ans, le 31 juillet.
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- 2 août 2018
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Une grande figure du théâtre français vient de disparaître : Arlette Téphany, qui était née à Marseille en 1935. Après son passage par le Conservatoire de Paris, elle fut l’actrice phare de la compagnie de Guy Rétoré, la Guilde, au Théâtre de l’est parisien dont elle fut la co-fondatrice. Son interprétation de Jenny des lupanars dans L’Opéra de quat’sous, en 1969, fut tout à fait marquante. S’étant éloignée du TEP, elle fit du cabaret puis créa, avec Pierre Meyrand, la compagnie Théâtre en liberté, en 1974. Ce furent, pour le duo Téphany-Meyrand, de belles et héroïques années qui comprirent plusieurs chapitres : une longue présence au théâtre de Chelles, puis la direction du Centre dramatique du Limousin rebaptisé la Limousine, où tout se déroula dans un merveilleux acord avec le public (artisans exemplaires de la décentralisation, ils emmenaient leur troupe jusque dans les granges de la région), et enfin une nouvelle vie d’indépendance. Après la mort de l’immense comédien qu’était Pierre Meyrand, en 1999, Arlette Téphany fonda la compagnie ATPM. Elle ne connut pas de succès aussi fracassants que Les affaires sont les affaires de Mirbeau monté avec Meyrand en 1995, mais elle poursuivit sa voie de partage et de défrichage qui fut toujours la sienne. Douce, élégante, sensible, elle était à la fois une actrice d’un merveilleux éclat humain et un metteur en scène d’une finesse égale devant les classiques et les créations modernes qu’elle ne négligea jamais – alors que le système pousse chacun à préférer le répertoire. Obaldia, Dürrenmat, Bernhard, Nothomb, Duras sont certains des auteurs qu’elle sut monter avec sa grande intelligence des mots et du plateau. Il faut aussi la voir dans son contexte familial, proche de son frère Jacques Téphany et son neveu Julien Téphany, eux aussi artisans de théâtre, et dans leur activité multiple dans les lieux importants comme dans les salles les plus minuscules.
Ces dernières années, elle se consacra surtout à l’enseignement, au cours Périmony. Très engagée et solidaire, elle fut active au sein du Syndicat français des acteurs et participa fortement à la renaissance du Gala de l’Union des artistes. Si l’on veut retrouver sa voix sur YouTube, on peut l’entendre chanter, d’une voix assez canaille, Je n’aime que moi, qu’elle avait enregistré il y a fort longtemps pour un spectacle et un disque d’oeuvres de Boris Vian. C’est une facétie du destin. Car Arlette Téphany aimait passionnément les autres, et l’a prouvé tout au long d’une splendide carrière altruiste et aimante.