Paris- Vingtième théâtre jusqu’au 3 janvier 2010
Duel d’Agnès Boury, Laurent Cirade et Paul Staïcu
Les virtuoses du burlesque musical
Voilà bientôt dix ans que dure le combat du siècle, qui fait rire tous les publics, d’un bout du monde à l’autre, entre un violoncelle et un piano. Dix ans que le pianiste Paul Staïcu et le violoncelliste Laurent Cirade (un ex du Quatuor dont il fit partie pendant 12 ans) forment un duo comique et musical unique. Laurent Cirade a exploré tous les styles musicaux. Paul Staïcu, élève à l’Académie musicale de Bucarest, remporte deux prix au Conservatoire national de Paris (composition et jazz). Musiciens virtuoses tous les deux, excellents dans le classique comme dans le jazz, le rock ou le rap, ils ont pris le parti de détourner la musique pour construire un spectacle comique à sketches. La première mouture créée en 2001 a tourné pendant 8 ans dans le monde entier. Cette nouvelle version, toujours dans la mise en scène d’Agnès Boury, reprend quelques numéros anciens dont certains absolument hilarant : le célèbre standard de jazz Funny Valentine qui devient Funny Ballantine (cigarette et verre à l’appui) ; le piano transformé en machine à cartes qui permet de jouer le temps du crédit après avoir déjoué l’enfer des voix synthétiques (tapez 1, la touche dièse, pour la musique contemporaine : jouez tous les ré bémol, etc.) ; l’évocation des westerns de Sergio Leone où l’harmonica est joué aux melodicas portés aux côtés comme une arme, sous le long cache-poussière, effet garanti. Le principe, contredisant l’idée selon laquelle la musique adoucirait les mœurs, est toujours celui du duel et du rapport de force entre deux gabarits opposés. Ils se livrent à des numéros de virtuosité acrobatique sidérante si maîtrisés qu’on n’en mesure pas toujours la difficulté. Qu’ils jouent à l’envers, allongé sous le piano, en marchant avec le violoncelle, dans n’importe quelle position, en courant autour du piano, l’exécution des morceaux est toujours impeccable, performance dont le public, occupé à rire, n’a qu’une conscience furtive. Fermez les yeux, vous vous croirez à Pleyel, ouvrez les yeux et vous verrez les Marx Brothers musiciens. Les scènes les plus réussies sont celles qui restent au plus près de la musique sans chercher la blague ou le gag de situation qui révèlent parfois les limites du genre. La liste des compositeurs visités est longue : Mozart, Bizet, Boccerini, Satie, Prokofiev, Grieg, Fauré, mais aussi Edith Piaf, Scott Joplin, Ennio Morriconne, Lou Reed, John Williams ou Vladimir Cosma, entre autres. Ils jouent du piano et du violoncelle, mais aussi du didjiridoo, du melodica, du timbre, de la scie (musicale ou pas) du marteau, de la tronçonneuse, etc. Ils enchaînent les loufoqueries à un rythme endiablé, jusqu’aux deux derniers numéros, particulièrement réussis dont on ne dira rien pour que la surprise attise le plaisir.
Duel d’Agnès Boury, Laurent Cirade et Paul Staïcu, mise en scène Agnès Boury, avec Laurent Cirade et Paul Staïcu,au Vingtième théâtre, du mercredi au samedi à 19h30 ; dimanche à 15h. Jusqu’au 3 janvier 2010. Tel : 01 43 66 01 13
