Douce révolution

• Publié par Michel Voiturier
• 6 septembre
• Critiques
• Jeune Public
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Introduits dans un lieu qui ressemble à un campement composé de petites tentes installées en rond, les invités sont priés de prendre place. Nous ne sommes plus au présent d’un centre culturel, d’un établissement scolaire, d’une institution d’accueil. Nous sommes autre part. Là où tout semble feutré, délicat, calme, intemporel même puisque les références sont floues : abris de toiles, coussins, chaises parcimonieuses… ne sont ni liés à une mode ni à une culture. Tout au plus suggèrent-elles un ailleurs.

Ce que propose la réunion des Mutants et de Side-Show, c’est un spectacle inédit que la troupe baptise "spectacle relax". Un théâtre de gestes et de mouvements, de dialogues sans paroles ou réduit à quelques mots, de réflexion à propos du fait d’être vivant au sein d’un espace, d’échanges d’émotions et de sensations, de narration sans histoire aux épisodes nourris à des légendes connues. C’est un spectacle qui ne renvoie à aucune référence culturelle particulière, accessible à qui ne savent ni lire ni écrire, compréhensible à qui ne pratiquent qu’une seule langue, à qui perçoivent autrement à cause d’un handicap physique ou mental.

Dès l’abord, avant même de remettre en question les codes habituels de la représentation théâtrale, c’est un point de vue différent qui doit s’imposer. Le mot révolution est utilisé, en général pour raconter un bouleversement contestataire, un changement de fonctionnement brutal d’une institution. C’est oublier que sa signification est aussi : un parcours circulaire, comme celui de notre planète dans l’espace autour du soleil, durant un temps particulier.

Voici donc trois individus qui se présentent. C’est un trio qui vivra une pérégrination durant trois jours et deux nuits. Telle une caravane ou une cordée, les trois, en file indienne, commencent un périple pédestre. Nous allons les suivre dans leur cheminement tantôt rapide, tantôt ralenti par la fatigue ou une petite douleur. Nous allons les voir enfermés dans leurs pensées, s’ouvrir à quelque chose repéré par le regard ou l’ouïe ou l’odeur. On avance. On découvre. On mange et on joue. On est solitaire ou solidaire. On se laisse bercer par une musique étrange. Et lorsque le trajet s’achève, il est revenu à son point de départ et pourrait recommencer.

«  Douce révolution  » est une expérience qui nous extrait des contraintes, qui se veut inclusive c’est-à-dire accueillant pour tout public quel qu’il soit. Nous en sortons détendus, légers, l’imaginaire habité par ces trois silhouettes qui nous ont concrétisé corporellement une sorte de journal de bord, minute après minute, d’une expédition, d’une exploration vécue par des personnes ordinaires, semblables à nous. Nous repartons nantis d’une dose salutaire d’empathie.

Rencontres du Théâtre jeune Public de Huy 2024
19-20.08.2024 École polytechnique Huy (Be)
Durée 45
A partir de 4 ans
Mention aux Rencontres de 2024 pour le soin artistique apporté à l’inclusion de tous les publics

En tournée :
13-14.10.2024 La Roseraie Bruxelles (Be)
16-17.10.2024 Maison des Cultures Molenbeek (Be)
26.01.2025 Espace Colomban Wavre (Be)
05-06.03.2025 Le Champ exquis Blainville-sur-Orne
16-18.04.2025 La Montagne magique Bruxelles (Be)
27.04.2025 De Warande Turnhout (Be)
11-12.06.2025 Jacques Franck Bruxelles (Be)

Mise en scène : Aline Breucker, Quintijn Ketels (Side-Show)
Scénographie, costumes : Aline Breucker
Dramaturgie : Chloé Périlleux
Création sonore : Eric Ronsse
Création lumière : Nelly Framinet
Interprétation : Fanny Hanciaux et en alternance, Mélodie Valemberg ; Patrick Pun et en alternance, Jessica Fanhan ; Mark Dehoux
Régie son et lumière : Samuel Vlodaver
Directeur technique : Alain Collet
Photo © Gilles Desthexe / Province de Liège