Paris-Théâtre du Rond-point jusqu’au 30 novembre 2008

Le Cirque invisible de Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée

Rêveries virtuoses

Le Cirque invisible de Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée

Dans la famille Thierrée, on demande le père et la mère ; après La Symphonie du hanneton du fils James, on découvre, avec le Cirque invisible imaginé par les parents, que ce goût de la métamorphose qu’on avait, entre autres, tant admiré chez le fils est peut-être bien héréditaire, en tout cas nourri au sein de la famille Chaplin-Thierrée, et ce depuis longtemps déjà. Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée ont joué les défricheurs de nouveau cirque avant tout le monde dans les années 1970 en mettant les animaux dehors pour faire entrer la poésie par la grande porte. En 30 ans, ils n’ont réalisé que trois spectacles, indéfiniment peaufinés. Ces artistes sont hors du temps, branchés en direct sur leur horloge poétique. Ils forment un duo complémentaire, lui plutôt terrestre, clown à la tignasse de neige et au sourire coquin, elle, plutôt feu follet, fée évanescente. Lui endosse joyeusement les accoutrements les plus extravagants, version zèbre ou tapisserie ; il promène tout un monde dans sa valise, s’applique à rater ses tours de magie, fait souffler sur scène un vent d’enfance surréaliste, voire oulipien. Elle surgit, telle une apparition féerique, pour faire naître par la magie de transformations à vue improbables, un bestiaire fantastique avec des tissus, des ombrelles ou des roues de bicyclette, paon spectaculaire, autruche ou femme orchestre. Leurs deux univers s’avèrent au plus haut degré complémentaires, deux facettes d’un même monde captivant qui est le leur.
Ils reprennent leur Cirque invisible présenté la saison dernière sur la même scène du Rond-point pour cause de succès. James Thierrée y revient aussi en décembre avec La Veillée des abysses, un spectacle créé au Théâtre de la ville. La galaxie Chaplin-Thierrée compte, outre le fils James, une fille, Aurélia, qui ne manque pas de talent non plus et présentera son spectacle, L’Oratorio d’Aurelia, conçu et mis en scène par Victoria Chaplin, en mars prochain dans ce même théâtre. Poètes d’un autre temps, ils cultivent en famille l’art de la dématérialisation grâce à laquelle aucun objet ne résiste à leur pouvoir de suggestion, ouvrant à deux battants les portes de l’imaginaire.

Le Cirque invisible, un spectacle de Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée, au théâtre du Rond-point jusqu’au 30 novembre du mardi au samedi à 21h, dimanche à 15h. Durée : 2h. Tél : 01 44 95 98 21

www.theatredurondpoint.fr

crédits photographiques : Brigitte Enguerand

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

Voir la fiche complète de l'auteur

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook