L’enfant qui est né deux fois
Une légende qui croit en la vie
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- 18 août 2022
- Critiques
- Jeune Public
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Inspiré par une légende nordique, ce spectacle raconte la recherche d’un corps par l’âme d’un bébé mort né, corps qu’elle pourrait habiter pour continuer à vivre. Mélancolie Motte donne l’existence à tous les personnages de l’histoire avec les moyens du théâtre.
Le théâtre, c’est une histoire de personnages fictifs auxquels il arrive une série d’événements qui les mènent vers une fin malheureuse ou heureuse. Pour qu’elle soit crédible auprès des spectateurs, il faut rendre la scène un peu magique. Il suffit d’un(e) interprète, de quelques accessoires, d’une voix, d’une atmosphère créée par des effets de projecteurs.
La spécialité de Mélancolie Motte est précisément de rendre théâtral ce qui ne l’est normalement pas. Ici, par exemple, les parents seront des planches de bois. Les assembler formera une habitation. Leur présence sera parfois d’être obstacle, parfois appui, parfois décor. Car la manière de les utiliser leur donne statut d’image. Une fois ce postulat admis, tout est possible même l’incroyable, même l’absurde, même l’invraisemblable.
Or donc, dans une région de grand froid, durant l’hiver, une femme attend de devenir mère, un homme se prépare à être père, une aïeule à hâte de remplir le rôle de mamie. Mais l’accouchement tarde à venir et au moment où on le déclenche, il n’y a plus de provisions pour se nourrir. Tout le monde est faible. Le nourrisson encore plus que les autres. Trop chétif, il meurt. Mais son âme reste vivace et vœu est prononcé qu’elle se mette en quête d’un corps afin de continuer à être.
Pour transmettre cette croyance d’une vie qui vainc la mort en continuant à produire de nouveaux êtres, la comédienne-conteuse joue avec la réalité de sa présence sur scène. Sans jamais tomber dans la caricature, l’outrance, elle se sert de son physique pour agir en gestes significatifs, prendre attitudes révélatrices de comportements. Sa voix est susceptible de changer de registre, de rythme.
Une bande son l’aide à imaginer un décor. L’éclairage suggère des ambiances diverses comme des moments nocturnes ou des ombres chinoises. Les fameuses planches du début finissent par devenir de véritables partenaires à son seule-en-scène. Elle laisse à chacun la liberté de réfléchir sur, de croire à, de rejeter : des croyances en l’animisme, la métempsycose ou autres mystères spirituels.
Rencontre des Théâtres jeune Public Huy [Be]
École Normale mardi 16 aôut 11h30 – 16h – mercredi 17 août 2022 10 h
Dès 5 ans
Durée : 40’
Interprétation : Mélancolie Motte
Création sonore : Antonin De Bemels
Création lumière Jocelyn Asciak
Construction décors : Idiot Productions
Production : Asbl Le Non Dit
Collaboration artistique : Cimarra, Cie de danse Nyash.
Soutien : Fédération Wallonie-Bruxelles, Théâtre La Montagne Magique (Bruxelles [Be]), Centre scénique Jeunes Publics Pierre de Lune (Bruxelles [Be]), Centre culturel (Nivelles [Be]), Maison des Cultures (Molenbeek [Be]), Théâtre La Roseraie (Bruxelles [Be])
Lire : Gérard Moncomble, Régis Lejonc, « L’enfant qui est né deux fois », Toulouse, Milan, 2005, 32p