Paris-Théâtre du Rond-point jusqu’au 20 décembre 2009

Christophe Alévêque est super rebelle de Christophe Alévêque

L’humour comme boussole

Christophe Alévêque est super rebelle de Christophe Alévêque

Christophe Alévêque, super rebelle, assisté de trois musiciens, fait une entrée pitoyable sur l’immense plateau du théâtre du Rond-point, l’oeil accablé, les épaules basses et le cheveu en bataille. Le poids du monde… Mais, l’adrénaline n’attendait que ça pour faire une poussée, et le voici gesticulant, râlant, sautant partout, peut-être trop (une mise en scène plus précise et soucieuse du détail aurait pu affuté davantage la lame). Le voilà plus zébulon que Zébulon soi-même, surnom attribué au président de la République qui en prend pour son grade (de l’avis de nombreux humoristes, un sujet en or comme on n’en avait pas vu depuis longtemps), mais il n’est pas le seul. Alévêque s’en donne à cœur joie et tape sur tout ce qui bouge d’un extrême à l’autre de l’échiquier politique tout en choisissant son camp. Mais si le sujet offre des pistes d’exploitation illimitées, il ne s’en tient pas là et déroule à nos pieds, en chansonnier du XXIe siècle, le tapis chamarré des amusants sujets qui font notre quotidien (réchauffement climatique, crise, chômage, les affaires Polanski, Mitterrand, Petit Jean, etc.) qu’il a soigneusement revisités. Sans aucun doute, on sent la référence admirative au Bedos de la belle époque avec qui il partage la même indignation face à la société, même s’il n’en a pas (pas encore) tout à fait l’abattage, le charme, le sens juste du cabotinage nuancé d’un deuxième degré maîtrisé. Comme lui, il se livre à l’exercice difficile et courageux de la revue de presse. Dans un registre très différent, la séquence sur les ados et pré-ados (stagiaires en « casse-couillage ») est absolument hilarante. Connu pour sa participation aux émissions télé de Laurent Ruquier, il démontre qu’il est un de nos meilleurs humoristes du moment et un homme engagé qui n’a pas ses idées dans sa poche sur la scène comme à la ville. C’est un amuseur public qui nous aide à nous soulager un peu de tant de vulgarités et de fausses pudibonderies : « je dis des horreurs et vous, lâchez-vous », et il rugit que la guerre et les enfants-soldats c‘est quand même plus indécent que les pires obscénités sexuelles. De la famille de Bedos ou Desproges (et ses mémorables plaidoiries du Tribunal des flagrants délires), il a la colère sincère et survitaminée, l’humour cynique et pourtant bonhomme. S’il a l’art de tailler une collection de costards à leurs justes mesures, Alévêque ne se prend pas au sérieux, il n’est jamais foncièrement méchant ni vulgaire. Il use de l’humour comme d’une boussole dans ce monde de brutes : « l’humour, c’est comme les essuie-glaces, ça n’arrête pas la pluie mais ça permet d’avancer ». Qu’on se le dise.

Christophe Alévêque est super rebelle. un spectacle de Christophe Alévêque mise en scène Philippe Sohier, accordéon et cor Maxime Perrin, guitare Francky Mermillod, batterie et trompette en alternance Julien Bonnard, Stéphane Sangline. Au théâtre du Rond- point jusqu’au 14 novembre à 18h30. Tel : 01 44 95 98 21 . Durée : 1H30

Représentations supplémentaires les samedis 28 novembre, 5, 12 et 19 décembre à 15h, le dimanche 29 novembre à 18h30, les dimanches 6, 13 et 20 décembre à 15h et 18h30

crédit photographique : Brigitte Enguérand

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

Voir la fiche complète de l'auteur

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook