Paris-Comédie Bastille jusqu’au 4 janvier 2009

Belle(s)-famille(s)

Famille, je vous hais

Belle(s)-famille(s)

Un très jeune couple, résidant dans une maison de campagne cossue, attend pour le week-end les beaux parents pour leur annoncer leur futur mariage. Tout aurait pu bien se passer si les couples des parents n’étaient pas eux-mêmes gangrénés jusqu’à l’os de leur mariage. Le premier invité (Alain Cauchy) est arrivé seul parce que sa femme (Isabelle Caubère) n’a pas voulu faire le voyage avec lui, lui reprochant quelques affaires de cuivre occultes qui n’avaient d’autre but que d’arrondir les fins de mois du fiston. Gardien de la déchetterie, il vit dans la caravane maintenant que son épouse l’a mis dehors. Leur fils (Félicien Delon) est un gentil paumé qui rêve d’être un artiste. En face, le couple germanopratin est aux prises avec les problèmes d’une fille (Mélodie Orru) anciennement droguée mais à cheval sur le pedigree du futur gendre, qui n’est pas sans taches. Il n’est pas vraiment question ici de relations orageuses entre beaux-parents mais plutôt des relations complexes et des conflits entre parents et enfants que l’auteur, Alain Cauchy, décortique à l’occasion d’une situation dramatique explosive sur un ton plein de bons sentiments, pimenté de traits d’humour qui font souvent mouche. L’auteur évite habilement la caricature et explore, sans manichéisme, les multiples facettes des personnages. Le quatuor formé par les parents est formidablement servi par les acteurs. Du côté Saint-Germain, si monsieur (Thierry Heckendorn), respire l’affabilité et le calme, son épouse (Annick Roux) est une hystérique pincée, serrée dans son petit tailleur chic, obsédée par le qu’en dira-t-on. Du côté des pauvres, lui est un gentil gars gaffeur et sans malice et elle, une mama marseillaise mâtinée de mère juive, cocktail envahissant et épuisant. En contraste, les deux jeunes sont presque transparents, peut-être trop, fragiles et paumés mais ce sont pourtant eux qui font preuve de bon sens. L’un a été trop aimé par sa mère, l’autre mal aimée. Ils ont beaucoup travaillé pour se reconstruire et à l’heure où ils pensent offrir à leur parent le cadeau de leur mariage, en signe d’un équilibre retrouvé, tout s’écroule. Ils n’avaient pas prévu qu’à cette occasion qui devrait être heureuse, les parents règlent leurs comptes conjugaux sans s’intéresser vraiment à leurs enfants. Chacun trimballe son lot de problèmes qui lui bouche l’horizon. Au fond, ce sont de pauvres bougres, sourds et aveugles aux autres, qui ont raté leur vie. Serait-ce un péché d’auteur, curieusement les hommes s’en sortent beaucoup mieux que les femmes ; ce sont eux qui arrondissent les angles, se montrent compréhensifs et trouvent le moyen de communiquer avec les jeunes. La mise en scène alerte d’Eric Civanyan n’appuie pas trop le trait, se gardant de toute lourdeur boulevardière sans se priver de quelques effets comiques efficaces. Une comédie de genre bien tournée et joliment interprétée.

Belle(s)-famille(s) d’Alain Cauchy, mise en scène Eric Civanyan, avec Isabelle Caubère, Alain Cauchy, Félicien Delon, Thierry Heckendorn, Mélodie Orru, Annick Roux. À la Comédie Bastille, du mardi au samedi à 21h, samedi à 17h, dimanche à 15h. Tel : 01 48 07 52 07. Durée : 1h45.

www.comedie-bastille.com

A propos de l'auteur
Corinne Denailles
Corinne Denailles

Professeur de lettres ; a travaille dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du théâtre,...

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