Textes de Nancy Huston, Geneviève Latour, Victor Haïm - Actes Sud

Jacques Noel - Décors et Dessins de théâtre

Le magicien du rêve

Jacques Noel - Décors et Dessins de théâtre

Un nom de fête, à l’évocation scintillante, Jacques Noël est entré dans l’histoire du théâtre par la porte de l’amitié et du bonheur.
La vie de Jacques Noël fait le désespoir des pages à scandale et des psy show, il passe une enfance heureuse dans une famille aimante, ça commence mal ! Dès six ans il lit couramment et ses parents ne feront rien pour enrayer sa coupable passion pour les illustrés - comme on appelait alors les bandes dessinées - et pour le cinéma. Il dessine sans arrêt. En 1937, il découvre le théâtre. Il fait l’école Boulle, puis les Arts Décoratifs. Avec son ami Remo Forlani, il rencontre Jean-Marie Serreau, et le comédien Claude Martin.
Son premier décor de théâtre sera planté au théâtre des Carrefours (Théâtre des Bouffes Parisiens) pour une pièce de Geneviève Serreau « Le Marchand d’étoiles » dans une mise en scène de Jean-Marie Serreau. Les dés sont jetés : il sera décorateur de théâtre.
En 1948 il rencontre un certain Marcel Marceau. C’est le début d’une collaboration amicale qui durera toute la vie de Bip. Il tombe sous le charme d’une comédienne de la compagnie Marceau, une grande brune qui n’est autre que Tsilla Chelton. La grande chaine des rencontres amicales s’enrichit d’un nouveau maillon, avec un jeune auteur inconnu, un certain Eugène Ionesco, qui lui présente Jacques Mauclair. Une rencontre fusionnelle pour ces deux Jacques. Ionesco lui présente Jean-Louis Barrault qui lui présente Roland Dubillard. A ses débuts, il avait acquis la réputation très appréciable pour les jeunes compagnies de faire des merveilles avec des bouts de ficelles, plus tard celle de comprendre et de visualiser l’indicible.

Son carnet d’adresse : l’histoire du théâtre !

En suivant le parcours prestigieux de la carrière de Jacques Noël, un sentiment de vertige prend tous les amoureux du théâtre.
Du décorateur inspiré des « Chaises », Eugène Ionesco dira de celui qui a fait les décors de toutes ses pièces que ce fut une chance pour lui car : « Il sait créer un désert illimité sur 2 mètres »

Jacques Noël est salué par la critique et les auteurs

Il sait donner corps aux rêves et aux cauchemars des auteurs, donner un cadre aux visions des metteurs en scène, trouvant toujours l’astuce, le truc simple et évident que personne n’avait trouvé avant lui. Sachant débusquer le surnaturel, il sait lire le théâtre, ce qui n’est pas donné à tous. Ainsi, lorsqu’il est chargé de faire le décor du « jardin aux betteraves » de Roland Dubillard, en 1969, l’auteur donne cette indication impérieuse : « il s’agit d’une boîte à violon », et ce fut une boîte à violon !
Jean-Louis Barrault, avec qui ils créèrent « Rhinocéros », fait appel à Jacques Noël pour « Jarry sur la butte », il savait que la fantaisie du texte et de sa mise en scène aller trouver un décor adéquat.

Jacques Noël est un facétieux, il devient architecte de toiles peintes, élabore des gares pour un Labiche et s’amuse avec un « Pont japonais », énorme succès avec Jacqueline Maillan et Marcel Cuvelier, ce dernier échappé du théâtre de la Huchette.

Du gris, du rouge et des étoiles

Décorateur reconnu par ses pairs, encensé par la critique, applaudit par le public, Les éditions Acte Sud consacrent le magicien du clair-obscur !
Ce très bel ouvrage est abondamment illustré, la liste des décors de Jacques Noël est impressionnante. Le feuilleter est un plaisir gourmand. La patte de Noël, ce sont les camaïeu de bleu-gris rehaussés par une touche de rouge ou un jaune canari, la précision du trait, l’élégance du style. Les somptueux dessins nous font entrer dans un monde où se côtoient avec grâce le surnaturel, l’extravagance et une féerie du quotidien. Les vignettes des saltimbanques dans le style des images d’Epinal sont raffinées et délicates.
Il ne s’agit pas de ces livres que l’on parcourt une fois distraitement. Les textes sont instructifs sur la vie de l’artiste, ils ne sont ni pesants, ni rébarbatifs. L’ouvrage est accompagné d’un D.V.D, ou l’on pourra voir certains compagnons de jacques Noël. Un petit reproche, il n’est pas très pratique à remettre en place sur la couverture et n’a pas d’étui protecteur. Ce n’est pas très grave.

Ce livre sera en bonne place dans toutes les bibliothèques des amoureux du théâtre. Il fait partie de ces livres que l’on achète pour faire un cadeau, en espérant qu’un jour on nous l’offrira, pour pouvoir rêver en le feuilletant tout à loisir.

A propos de l'auteur
Marie-Laure Atinault
Marie-Laure Atinault

Le début de sa vie fut compliqué ! Son vrai nom est Cosette, et son enfance ne fut pas facile ! Les Thénardier ne lui firent grâce de rien, théâtre, cinéma, musée, château. Un dur apprentissage. Une fois libérée à la majorité, elle se consacra aux...

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