Festival d’Almada

Une scène au-dessus du Tage

Festival d'Almada

Pour qui passe du côté de Lisbonne au mois de juillet, une visite au festival d’Almada permet de voir du très grand théâtre. Almada est la ville qui fait face à Lisbonne de l’autre côté du Tage. Petite ville ouvrière qui s’est donnée un grand destin culturel : la manifestation dirigée par le metteur en scène Joaquim Benite fait se rencontrer les spectacles importants du Portugal avec ceux des sphères lusitaniennes (Brésil, Angola), des pays hispanophones et des capitales européennes. Ici, rien de la folie oppressante des festivals type Avignon. On se rencontre dans une cour d’école transformée en un lieu de flânerie, de boissons et de débats ; la plupart des spectacles ont lieu devant des gradins en plein air et dans le très beau et vaste théâtre de la ville. C’est donc un festival à la dimension et à l’âme humaines, en cette cité qui surplombe le Tage.

Le programme, cette année, est particulièrement ouvert à la création et à la culture française. Deux grosses productions seront là : l’impressionnant Casimir et Caroline d’Horvath mis en scène par Emmanuel Demarcy-Mota (un franco-portugais), avec Thomas Durand, Elodie Bouchez, Hugues Quester, et le tumultueux Cabaret Hamlet par Matthias Langhoff, avec François Chattot. Mais il y a aussi Jean-Quentin Chatelain dans Ode maritime de Pessoa mis en scène par Claude Régy et Charlotte Rampling jouant Yourcenar/Cavafy. Parallèlement, quelques œuvres françaises sont jouées en portugais : L’Avare de Molière, La Musica de Duras, Jeu net (sur le foot !) de François Bégaudeau, Les Fourmis de Boris Vian. Auxquels on ajoutera, sans vouloir annexer la Wallonie, Dialogue d’un chien avec son maître de Jean-Marie Piemme. Même le nouveau spectacle du remuant Portugais Jorge Silva Melo tourne autour d’un moment d’histoire française ; cela s’appelle Réplique de la bonne de Noailles qui en fin de compte s’appelle aussi Séverine dans une nuit d’hiver en 1975 à hier – un spectacle qui parle de Buñuel, des surréalistes, de la riche famille de Noailles et des mœurs libres de certaines femmes d’alors…

Pour aller au cœur du génie portugais on pourra écouter le grand Luis Miguel Cintra dire et chanter Camoens. Et, pour se déplacer à travers le monde, voir Hedda Gabler en espagnol monté par l’Argentin Daniele Veronese et ou découvrir l’indocile Russe Tatiana Frolova qui entend Tuer Shakespeare. Un programme qui place Almada à la hauteur des grandes rencontres européennes.

Festival d’Almada, jusqu’au 18 juillet, Teatro municipal, Almada, tél. : 00 21 27 393 360, www.ctalmada.pt

Crédit photo Ode maritime : Christophe Raynaud de Lage

A propos de l'auteur
Gilles Costaz
Gilles Costaz

Journaliste et auteur de théâtre, longtemps président du Syndicat de la critique, il a collaboré à de nombreux journaux, des « Echos » à « Paris-Match ». Il participe à l’émission de Jérôme Garcin « Le Masque et la Plume » sur France-Inter depuis un quart...

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