"l’affaire tuyau" ou " j’ai mon espace"

Imaginons que nous soyons dans une société où la « maintenance » à la vie soit particulièrement affairiste. Cet appétit à survivre à tout prix, tuyaux et grabats compris dans le prix du billet aller simple de la vie pourrait nous laisser entendre cette voix intérieure.
Toute allusion à la réalité ne saurait que fortuite.

Sous-titre du texte de la voix intérieure :

« J’ai mon espace… » Ou « L’affaire Tuyau… »

Avant de me présenter à la vie, on m’a plié aux normes des éprouvettes.
Au son d’une valse de bocaux, à la hâte, j’ai rassemblé mes os.
Couvercle sur le côté, je ne suis pas aux normes, j’arrive ainsi comme un délinquant.

Mais, j’ai mon espace …

De couveuses en tuyaux, de perf. en tubage et de sérum en seringue, j’ai du mal à trouver mon équilibre, du moins plus que rien à rester sur ma pente.

Mais, j’ai mon espace …

Prématuré des escarres, à tout prix, maintenu à la verticale par une haie de déambulatoires et de béquilles hors compétition, j’arrive, à grands renforts de surveillance en haute sécurité aseptisée, à me hisser à la force de mon unique poignet, dans la jungle d’une ville, où j’y croise des ombres sans question ni réponse.

Mais, entre deux croche-pattes j’ai mon espace…

Bientôt la vie fait l’appel et me demande de retourner aux barreaux du lit : déficience, handicap, mobilité partielle, handicap total…
L’abîme est au bout du couloir….Pas le temps d’arriver aux toilettes…

J’évacue dans la ligne mais, j’ai mon espace…

Je vois bien dans le fond de la cuvette que j’ai liquidé, liquéfié ma vie….
Mais ne tirez pas la chasse, j‘ai encore un petit espace …..
Trop tard, la science avec bonne conscience me rattrape.
On me tuyaute, me resserre, m’étreint, me tube, me retient, m’alimente par complaisance pour exaucer un mirage d’appétit….

Mais il me reste encore un espace…

Un jour tout s’éteint…
Ils me laissent dans le noir …
Trop tard il n’y a plus rien à voir…
Mais, dans mon coma, je commets quelques images…

Vous voyez il me reste encore un espace…

La boite à limaces et sa malice viennent m’emporter ….
On visse le couvercle…
Pas plus, merci… C’est déjà bien trop vissé, serré…

Tiens, il me reste encore un petit espace…
Je m’y habituerai, j’ai tout mon temps...
C’est pour l’éternité…

Enfin, j’ai tout mon espace…

Nota benêt : La ponctuation a été visée par l’association des « Défenseurs de la ponctuation chez Proust »

A propos de l'auteur
Jacky Viallon
Jacky Viallon

Jacky Viallon aurait voulu être romancier à la mode, professeur de lettres ( influencé par les petites nouilles en forme de lettres qu’on lui donnait tout petit dans sa soupe et qu’il taquinait avec sa grande cuillère en argent symbole d’une grande...

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