Paris, au Ranelagh jusqu’au 2 juin 2012
Volpone de Toni Cecchinato et Jean Collette
Commedia trash
On connaît Volpone, cette farce italienne qui est en réalité anglaise. A Venise, un vieillard du nom de Volpone fait croire qu’il est à l’article de la mort pour mieux berner tous ceux qui espèrent son héritage ; le vieux lubrique aime autant le corps des femmes que les cadeaux coûteux ! Cette comédie de Ben Jonson a curieusement toujours été adaptée librement, sans qu’on monte souvent l’original. Dullin et Jouvet montèrent la version de Stefan Zweig revue par Jules Romains, Atillio Maggiuli a récemment mis en scène sa propre vision dans l’esprit de la commedia dell’arte. Toni Cecchinato et Jean Collette, pour le texte, Céline Sorin, pour la mise en scène, prennent encore un autre chemin, qu’on appellera la commedia trash. Ils maintiennent un jeu de farce italienne, mais font passer au-dessus la référence à Quentin Tarantino et aux films sur la mafia. D’où des gestuelles parfois érotiques et l’agitation impassible de la corruption. Le valet du vieillard, Mosca, a été également transformé : ce n’est plus un homme, mais une femme, ce qui ajoute à la perversité. C’est elle qui fournit Volpone en plaisirs divers.
Tout se passe dans un grand cube qui tourne et se déplace, et autour de ce cube. Ainsi resserré dans l’espace comme dans un jeu minimal, le spectacle de Céline Sorin est plutôt fascinant. Il créée une distance, à partir de laquelle on ne s’intéresse guère à l’histoire elle-même, mais le fonctionnement de cette drôle de chose, aventureuse et maîtrisée, est séduisant.
Volpone de Toni Cecchinato et Jean Collette d’après Ben Jonson, mise en scène de Céline Sorin, direction artistique d’Alfred Le Renard, scénographie de Daniel Martin, lumières d’Arnaud Viala, avec Gregory Benoit, Samir Dib, François Juillard, Anne Mino, Yannick Rosset, Céline Sorin. Le Ranelagh, 19h, tél. : 01 42 88 64 44, jusqu’au 2 juin. (Durée : 1 h 25).
Photo Foxcie