Théâtre Douze-Maurice Ravel Paris 12° jusqu’au 12 avril

Un riche trois pauvres » de Louis Calaferte

« Petites vérités drôles ou cruelles en toute vélocité…… »

Un riche trois pauvres » de Louis Calaferte

Autant dire tout de suite, rapidement, avant qu’un cordage du décor nous revienne dans le nez que le texte de Louis Calaferte semble porté, projeté, et que le plateau nous livre allègrement une ambiance de départ de pompiers en alerte.

En abandonnant pour quelques instants le style littéraire on peut dire que le texte de Louis Calaferte « dégage ». Il dégage déjà pas mal de la page à la lecture mais la compagnie propose sur le plateau un travail révélateur qui accentue, du moins précise, l’aspect vindicatif du texte.
Les « Crieurs de nuit » accompagnent très efficacement et très justement les cris de Calaferte qui semble un peu isolé dans son solo d’aboyeur contemporain qui veut nous avertir de la bêtise humaine. Les comédiens bien que relativement matures nous livrent un jeu corporel terriblement fluide. Pas de démonstration en force : tout paraît glisser, tourner se modifier se transformer sous l’effet de ces filins presque invisibles qui semblent commandés par une sorte de deus ex-machina grand manipulateur invisible du monde…et du plateau.
Sur le plan formel et pratique d’invisibles filins servent d’appui aux comédiens dans leur course effrénée. On appréhende presque qu’ils s’échappent du cadre de scène pour disparaître comme dans une fiction.
En fait, sur le plan scénographique c’est simple, léger et d’une fiable efficacité : une solide attache libre descend du plafond technique. Elle livre trois filins qui terminent en boucle et permettent à chaque comédien de s’y suspendre, de décoller du sol ou de croiser ses partenaires dans des frôlements qui nous apparaissent incertains.
Apprécions cette performance, véritable numéro de piste venant compléter la précision du travail d’acteur. Tout y est parfaitement réglé et l’on ose nuancer les multiples situations sur différents les rythmes. Excusons la banalité mais il s’agit d’une véritable chorégraphie.
A la ligne bien marquée pour sortir du paragraphe le texte l’en écarte complètement par le soutien de cette dynamique endiablée. Il y a aussi, quelque part, adéquation entre violence gestuelle et violence verbale. Aussi le parti pris de mise en scène est bien là pour nous rappeler que les textes de Calaferte ne supportent pas la mièvrerie et que ce parti pris se met justement au service de la légitimité de la révolte de Calaferte.

Tout cela porté par un humour donnant du recul aux situations. Cette pointe d’humour arrive toujours à temps pour camoufler à la hâte mélo ou moralisation. La durée d’une heure quinze est parfaitement adaptée à la densité de ce spectacle. Les messages passent agréablement sans insistance… Calaferte nous a quittés en 1994, il aurait l’occasion aujourd’hui de crier plus fort. Merci, justement à la Cie les Crieurs de Nuit de prolonger… Son cri.

« Un riche trois pauvres » de Louis Calaferte Mise en scène : compagnie « Les crieurs de nuit » et Didier Villermin. Avec : Véronique Mangenot, Etienne Guillot, Christian Magnani, René le Borgne. Théâtre Douze-Maurice Ravel Paris 12° - Jusqu’au 12 Avril 08 mercredi au vendredi à 20 h 30 et samedi 19 h 30

A propos de l'auteur
Jacky Viallon
Jacky Viallon

Jacky Viallon aurait voulu être romancier à la mode, professeur de lettres ( influencé par les petites nouilles en forme de lettres qu’on lui donnait tout petit dans sa soupe et qu’il taquinait avec sa grande cuillère en argent symbole d’une grande...

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