Pénélope de Jean-Claude Gallotta
Inclassable
La création de la chorégraphie d’ « Ulysse » de Jean-Claude Gallotta par sa compagnie le Groupe Emile Dubois fut considérée en 1981 comme un événement pour le monde de la « jeune danse française » alors émergente .
Un peu plus de 40 ans après, le chorégraphe revient à la mythologie grecque avec un nouveau ballet « Pénélope » (l’épouse d’Ulysse dans « L’Odyssée »). Une pièce en quatre actes que l’on peut dès à présent considérer comme un succès, bien qu’inclassable.
On n’y trouvera pas une interprète campant Pénélope, mais plusieurs danseuses incarnant une gente féminine, batailleuse, soucieuse « de faire de leur fierté un combat » précise Jean-Claude Gallotta. Il réinvente le personnage de Pénélope avec un nouveau statut de « représentante protéiforme de toutes les femmes ». L’acte 2 s’intitule d’ailleurs « Guerrières » et l’on est face à de véritables amazones, cheveux au vent, pieds nus.
Face à elles, les danseurs masculins figurent les prétendants à la main de Pénélope en l’absence d’Ulysse. Dès l’acte 1 le chorégraphe les montre à la recherche de femmes et on les retrouve à l’acte 3 dans des solos mettant en valeur leurs avantages plastiques.
A l’acte 4, hommes et femmes se retrouvent pour des danses de groupe dans laquelle le chorégraphe souhaite que le spectateur voit une possible « réconciliation » qui se concrétise par le port de costumes similaires (une veste masculine et un soutien gorge).
Chaque acte bénéficie d’un accompagnement musical différent commandé à des artistes, parfois de formation classique, mais surtout à des chercheurs de sonorités et d’alliances nouvelles entre les genres.
Sur le plateau, le noir domine par opposition au blanc de la scène d’ « Ulysse ». Le palais où vit Pénélope n’est plus un lieu de festivités. Le contexte politique actuel n’est plus celui davantage optimiste que celui de l’époque de la création d’ « Ulysse ».
A 72 ans, Jean-Claude Gallotta est pourtant toujours à la recherche de nouvelles formes de récit et il affirme sa foi en une « danse rebelle » qui reste « une expression libre des corps qu’aucun pouvoir ne peut contrôler ». Le résultat est une danse généreuse pleine de vitalité, moins cérébrale que par le passé, parfois charnelle. Une danse qui respire le bonheur de danser que Jean-Claude Gallotta sait partager avec ses interprètes qui participent au Groupe Emile Dubois depuis plusieurs saisons.
Théâtre du Rond-Point, à Paris, les 20 et 21 janvier 2023, à 18 heures 30, et 22 janvier à 15 heures, au Théâtre de Caen le 10 février 2023, à Esch-sur-Alzette (Luxembourg) le 22 février 2023, et en mars 2023 à la Scène Nationale de Dieppe, le 16, à la MC2 de Grenoble les 22 et 23, et à la Scène Nationale du Havre les 16 et 17 mai 2023.
Durée du spectacle 1 heure20 .
©Jérémie Pontin