Critique – Opéra & Classiques

My Fair Lady de Frederick Loewe et Alan Jay Lerner

Hors des sentiers battus, au plaisir de la jeunesse

My Fair Lady de Frederick Loewe et Alan Jay Lerner

Ils ont entre 10 et 17 ans, ils sont écoliers, lycéens de CM2 à Terminale, ils constituent le chœur, le cœur et le corps de la Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique, un chœur d’enfants et d’adolescents dirigé, animé par la dynamique Sarah Koné.

Pour deux représentations exceptionnelles ils ont investi le plateau de la salle Favart mettant à leurs mesures et proportions la célèbre comédie musicale de Loewe et Lerner tirée de la pièce de George Bernard Shaw, Pygmalion. Un défi joyeusement relevé moyennant quelques arrangements comme la traduction en français des dialogues parlés, les textes des chansons conservant en musique les sonorités de leur anglais d’origine. Avec quelques pointes d’accent qui les pimentent de saveur.

A l’exception d’un ou deux panneaux descendant des cintres et de quelques accessoires, une estrade, un rideau, un lustre, la production se passe de décors mais donnent aux costumes leurs valeurs d’identification sociale : servantes en robes grises et tabliers blancs, travailleurs en salopettes et dames de la haute en robes chic.

Les décalages d’âge entre les personnages et leurs juvéniles interprètes les colorent d’un supplément de charme. Quand Arthur Roussel, ténor de 15 ans, se chausse de lunettes pour donner du sérieux à Henry Higgins, le fameux professeur de phonétique, il le pare d’un humour inédit. Quand Elliot Appel, baryton du même âge, prête les joues rebondies de sa bouille de gamin farceur à Alfred Doolitlle le papa bien mûr d’Eliza, il lui ajoute une pointe de ridicule qui correspond pile poil au personnage. Les filles ont évidemment l’avantage d’atteindre une apparence de maturité avant les garçons, si bien que le jeune âge de Violette Clapeyron n’enlève aucune crédibilité à la fleuriste des faubourgs devenue dame de la haute grâce à l’apprentissage du beau parler. Cerise sur le gâteau de son élégance naturelle, sa voix, claire et soyeuse, révèle un joli timbre de soprano léger.

Les scènes d’ensemble chantées ou dansées - ou les deux à la fois –, ébouriffantes de de précision et de virtuosité, font exploser les applaudissements et les bravos des spectateurs

Dans la fosse deux pianistes font office d’orchestre et remplacent généreusement les pupitres absents. A leurs côtés, debout, le visage comme aspiré par ce qui se passe sur scène, Sarah Koné ne perd aucun détail, des yeux, de la main, des doigts, elle scrute chaque chanteur, le guide, l’encourage.

Avec elle, avec les jeunes pensionnaires de la Maîtrise de l’Opéra Comique, My Fair Lady descend de son socle d’icone et devient une fête en partage pour enfants, adolescents leurs parents et grands-parents.


My Fair Lady
par les 90 pensionnaires de la Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique, direction musicale et scénique de Sarah Koné, décors Roberta Chiarito, costumes Lucie Guillemet.
Opéra Comique, les 28 février et 1er mars 2018 à 20h

A propos de l'auteur
Caroline Alexander
Caroline Alexander

Née dans des années de tourmente, réussit à échapper au pire, et, sur cette lancée continua à avancer en se faufilant entre les gouttes des orages. Par prudence sa famille la destinait à une carrière dans la confection pour dames. Par cabotinage, elle...

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