Mort de Jean-Claude Amyl
Le décès d’un des grands metteurs en scène de Duras
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- 19 janvier 2017
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C’était un homme secret, affable mais parfois ombrageux, qui ne jouait pas le jeu de la comédie mondaine. Après une très belle carrière d’acteur et de metteur en scène, il s’était retiré dans le Midi, sans doute pour cacher sa maladie. Il y a deux ans, il était parvenu à trouver les moyens et la force de monter à Paris, au Lucernaire Sarabande d’Ingmar Bergman, qui est son dernier spectacle.
Comme comédien il avait fait partie de la troupe de Jean-Louis Barrault puis de la Comédie-Française. Dans le fameux Dom Juan de Molière monté par Antoine Bourseiller, il tenait le rôle-titre. Peu à peu, il avait choisi d’être de l’autre côté de la rampe, comme metteur en scène et directeur. C’est à lui que la Ville de Paris avait confié la création et l’ouverture du théâtre 14 (qu’il avait baptisé 14-Jean-Marie Serreau, en hommage au pionnier des années 60) : ce fut un beau succès, grâce auquel cette salle perdure toujours.
Il a monté de nombreux auteurs mais c’est sans doute Marguerite Duras qui lui convenait le mieux. Duras l’adorait et avait une pleine confiance en lui. Du vivant de Duras, il monta Vera Baxter et la version peu connue de La Mouette de Tchekhov par l’auteur d’Eden Cinéma. Puis, après la mort de l’écrivain, il mit en scène la première reprise de Savannah Bay que jouèrent la mère et la fille, Gisèle Casadesus et Martine Pascal. Un spectacle créé à Chaillot et mémorable.
Le cancer a eu raison de lui dans un hôpital de Marseille. Il reste avec nous puisqu’il a tourné quelques films, comme Nana de Maurice Cazeneuve ou Les Guichets du Louvre de Michel Mitrani. Il a publié chez Actes Sud Papiers son adaptation de Crime et Châtiment de Dostoïevski. Dans l’anthologie de L’Avant-Scène Théâtre consacrée au XXe siècle, il donne sa vision de la mise en scène de Vera Baxter de Duras.
Photo DR.