Médina Mérika d’Abdelwaheb Selsaf
Mort d’un cinéaste
Dans un pays de culture méditerranéenne, un homme a été tué : un réalisateur qui était fou de cinéma américain. Cet assassinat est inexplicable. Le réalisateur était un artiste dérangeant mais très aimé. C’est un chien – un animal méprisé par la tradition arabe – qui mène l’enquête en même temps que les êtres humains, et c’est lui qui trouve la vérité. Vérité terrible puisque le meurtrier ne peut être qu’un ami ou un parent. Le cercle s’est resserré autour des proches, seulement…
Présenté à Paris à la Maison des métallos, le spectacle d’Abdelwaheb Sefsaf joue de différents langages : texte (lyrique, pamphlétaire, abondant, inspiré de Pamuk), chants, musique quasi permanente et très élaborée, vidéo. Beaucoup de monologues, mais qui vont vite et cognent. Avec Sefsaf la scène est le lieu de tous les cris, de toutes les métaphores, de toutes les figures. Il y a peut-être trop de choses, mais quelle audace, quelle liberté, quelle parole riche et libre ! La pièce n’est pas seulement celle d’un auteur, mais celle d’un artiste d’aujourd’hui qui, avec son équipe, passe par les moyens d’expression les plus modernes. Les acteurs, Marion Guerrero, Toma Roche, Nestor Kéa, Georges Baux et Sefsaf lui-même, savent tout faire, occuper la scène en solo et en groupe, chanter, faire entendre le texte sur le silence ou sur fond de décibels endiablés. Le théâtre algéro-européen est là au plus fort de sa santé, sa beauté et de sa pertinence.
Médina Mérika, texte et mise en scène d’Abdelwaheb Sefsaf librement inspiré de Mon nom est rouge d’Orhan Pamuk, direction musicale Georges Baux et Abdelwaheb Sefsaf, collaboration à la mise en scène et dramaturgie de Marion Guerrero, scénographie de Pierre Heydorff , costumes d’Ouria Dahmani-Khouhli et les ateliers de la Comédie de Saint-Étienne, photos et vidéos de Samir Hadjazi , son deTom Vlahovic , lumière d’Alexandre Juzdzewski, avec Marion Guerrero, Toma Roche, Nestor Kéa, Abdelwaheb Sefsaf, Georges Baux.
En tournée : Carros, le 26 février , L’Horme, 1er avril.
Photo DR.