Nantes – Théâtre Graslin jusqu’au 18 décembre 2011 - Angers - Le Quai jusqu’au 8 janvier 2012
La Vie Parisienne de Jacques Offenbach
Une Tour Eiffel taillée dans la dentelle, des gags qui le sont moins
- Publié par
- 16 décembre 2011
- Critiques
- Opéra & Classique
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Reprises festives. Après Lyon qui remet en selle une Vie Parisienne selon Laurent Pelly (webthea du 2 décembre 2011), Nantes à son tour met à l’affiche le même bibelot musical dans une production signée Carlos Wagner, créée à Nancy en 2009. Ici, comme là, comme souvent, la fantaisie pur jus d’Offenbach et de son duo de librettistes se prête à tous les anachronismes. La Tour Eiffel n’existait pas encore en 1873 quand la Vie Parisienne fut créée au Théâtre des Variétés mais c’est sous ses longues jambes écartées que Carlos Wagner situe les coquines aventures du baron de Gondremarck.
C’est une Tour Eiffel de vitraux et de broderies où s’encastre une horloge géante Art Déco où « tout tourne, tourne, tourne », encore et toujours sur ces notes valsées qui mettent des cadences dans les genoux. Le début se décline en noir, blanc et dentelles avec Bobinet et Gardefeu en tenues de soirée chic qui, sur leurs dialogues et premiers airs esquissent des pas dansés à la Fred Astaire. Mirage du cinéma d’antan ! Il ne dure pas et c’est dommage. Très vite, les couleurs éclatent en folklore touristique varié : « on arrive de tous les pays du monde », c’est dit, c’est chanté, des Ecossais en kilt, des Japonais en kimono, des Indiens en saris, de Hollandais en sabots… Et surtout des Bavarois en chapeaux à plumes et petites robes à tabliers – les lourdingues « dirndlkleider » - qui, ensemble, découpent un cochon à la scie et chantent en allemand, mêlant soudain aux « bêtises, aux sottises, aux potins, aux caquets » deux mesures de la Barcarolle des Contes d’Hoffmann.
Loufoqueries légères et bouffonneries de poids
Les libertés prises avec cet Offenbach qui grise comme un vin doux sont courantes et souvent bienvenues. Carlos Wagner les prend d’une main un peu lourde et certains gags – cette cuvette de WC qui défile en arrière plan, ces poses à l’érotisme « actif » - pèsent plus qu’ils n’amusent. Des loufoqueries légères alternent cependant avec les bouffonneries de poids.
La direction d’acteurs en revanche reste trépidante et pleine de clins d’œil. Franck Leguérinel, voix généreuse, diction impeccable, campe un baron de Gondremarck de vieille noblesse, Marc Mauillon danse Bobinet autant qu’il le joue tout comme Christophe Gay qui lui donne la réplique en Gardefeu cavaleur ahuri. « Je suis veuve d’un colonel » lance la gantière Amel Brahim-Djelloul en esquissant quelques coloratures qui se perdent dans une voix au timbre frais mais sans grand volume. Le métier sûr de Sophie Angebault sied à la baronne en perte d’époux, Emilie Pictet, toute jeune soprano, révèle quelques jolis trésors en Métella vamp de cabaret. Le Brésilien laisse quasi sans voix Bruno Comparetti, Catherine Dune s’associe à Leguérinel pour un duo d’amour érotico-hilarant.
Claude Schnitzler dirige en bon professionnel l’Orchestre National des Pays de Loire. Tout est juste mais prudent. : le champagne pétille à petites bulles.
La Vie Parisienne de Jacques Offenbach, livret de Meilhac et Halévy. Orchestre national des Pays de Loire direction Claude Schnitzler, chœurs d’Angers Nantes Opéra, direction Sandrine Abello, mise en scène Carlos Wagner, décors Rifail Ajdarpasic et Ariane Isabell Unfried, costumes Patrick Dutertre, lumières Marie Nicolas, chorégraphie Ana Garcia. Avec Franck Leguérinel, Marc Mauillon, Christophe Gay, Amel Brahim-Djelloul, Emilie Pictet, Sophie Angebault, Bruno Comparetti, François Piolino, Catherine Dune, Christophe Mortagne, Eric Vrain, David Lefort, Christine Craipeau, Renée Comsa …. Choristes, danseurs, danseuses et figurants .
Nantes – Théâtre Graslin les 11, 13, 14, 16 décembre à 20h, le 18 à 14h
02 40 69 77 18
Angers – Le Quai, les 4 & 5 janvier à 20h, le 8 à 14h.
02 41 24 16 40