La Nouvelle Eve Paris 9°
« La Pièce » de Augustin d’Ollone
- Publié par
- 23 février 2007
- Critiques
- Comédie & Humour
- 4
La provocation avait déjà commencé en Avignon lors du dernier festival : une affiche sans titre, un portrait exaspérant griffé d’un sourire mordant et narquois. On le retrouvait collé presque à chaque espace interdit. Cet hérétique du code de l’affichage s’allongeait même par-dessus ses petits camarades, étouffant outrageusement l’image des sous-développés et des mendigots de la pub.
Le visage narquois cerclé de lunette à la transparence ironique était à chaque coin de rue engluant, arbre, vitrines, capot de voiture avec une certaine préférence en coin pour les « coinstauds » interdits sur les petits domaines soi-disant protégés des « Défense d’afficher »
Bien sûr, quand la troupe se nomme d’un titre des plus officiels : Troupe Nationale d’Art Dramatique de France de Théâtre, elle réquisitionne légalement tous les espaces. D’ailleurs quel despote de la surface plane s’abroge la nomination des étendues « encollables » tel que : murs, panneaux, séparations ou paravents. Où son les normes qui ordonnent de coller là plutôt que là-bas et plutôt que par ici. D’ailleurs cette troupe usurpatrice des titres volés à la sacro-sainte administration du réel bureaucraticoculturel ne va-t-elle pas s’installer, du moins poser son « cul » pour parler dans les termes qui vont dans le sens de la brosse, à la Nouvelle Eve, seul endroit où certaines grandes têtes bien pensantes du théâtre contemporain n’auraient jamais eu l’idée d’y poser leurs casquettes et encore moins leurs fesses.
Et puis la pièce, pour retenir facilement le titre s’appelle « La Pièce », aussi c’est simple, on entre plus facilement dans la pièce.
Entendre une pièce dans un cabaret parisien ! Y va-t-on seulement pour y entendre tous les mots ? Quant à nos acteurs, ils se prennent nullement au sérieux et les mots sont mobiles, disons que l’humeur est dans l’énergie. On y attrape ce que l’on veut. Les portes claquent, les fenêtres s’écartent, des comédiens y sautent, reviennent pour dire des affaires de la vie qui ne sont ni dans l’ordre, ni la convenance, ni la réalité, et ni celle de l’imaginaire. Pour finir, on jette le tout dans la ruelle, comme le contenu d’un pot de chambre. On y balance avec des histoires d’homosexuels, de malades mentaux habillés de manteaux obsessionnels, des flots de mots, dans tous les sens. Le tout rythmé par des corps qui ne peuvent pas s’empêcher de sauter par la fenêtre.
Seul point raisonnable : on ne se déshabille pas au cabaret-théâtre. On pourrait dire que les comédiens jouent bien, ce qui fait réflexion familiale, mais il y a longtemps qu’ils semblent avoir oublié la convention théâtrale, alors ils vivent un moment sur le plateau, ils vivent entre eux. C’est plaisant à voir mais il ne faut pas chercher B.Brecht ou E.Bond accrochés dans un placard. Non ! …
Qu’est-ce que vous voulez dire par là ?
Non, rien ?
C’est drôle, c’est tout !
Ça m’a échappé…
Vous savez quand je ris !
« La pièce » de Augustin d’Ollone, mise en scène : David Garel avec Denis Jérome Beaumartin, Xavier Bernard, Charles Antoine Decoulange, Patrick Mimoun, Thierry Taranne. A la Nouvelle Eve 25 rue Fontaine 75 009 Paris, jusqu’au 31 Mars mercredi au samedi 19h52 , Dimanche à 17 h 52