Théâtre du Proscenium (Paris)

La Cheminée

Derrière la vitre

La Cheminée

Ce couple improbable, nous le voyons comme derrière une vitre, à moins que ce ne soit dans une peinture, évoluant dans le monde clos de son appartement. Comme les deux ne savent rien de ce qui les entoure, ils ont tout lieu de s’en inquiéter. Et même si la perception qu’ils ont de l’organisation sociale s’inscrit dans une sorte de mystique aléatoire - Dieu a créé le gouvernement...- tout contact supposé avec un tiers, au téléphone par exemple, tourne vite au dialogue de sourd, à l’absurde. La peur de l’autre, du pouvoir, suffit à les laisser ainsi confinés, s’inventant des histoires, tantôt se protégeant, tantôt s’affrontant. Jusqu’à ce que les signes de l’effondrement du gouvernement, abstraction si redoutée, leur donne enfin l’occasion de faire le grand saut, de se glisser par la cheminée, de prendre le chemin de la liberté, ce no man’s land pourtant porteur d’espoir.

Sombre méditation sur le pouvoir

On comprend mieux ce que nous dit cette pièce lorsque l’on sait que l’auteur bulgare, Margarit Minkov, l’a écrite au moment de la chute du Mur de Berlin. Sombre et métaphorique méditation sur le pouvoir, ses fondements et ses abus, La Cheminée nous installe dans une atmosphère de malaise qui ne doit certainement rien au hasard. Le metteur en scène, Pierre Vincent, a demandé pour sa part à ses deux comédiens de maintenir, sans relâche, une sorte d’exacerbation proche de l’hystérie. Ce qu’ils font avec une appréciable conviction, même si Pascale Poirel a une stature manifestement plus appréciable que son partenaire, Didier Sipié. Cela étant, au fur et à mesure des scènes, la recommandation devient procédé. Ce qui laisse probablement échapper certaines finesses du texte. On n’oubliera cependant pas de signaler les décors astucieux de Bernard Vincent pour cette pièce intelligemment troublante, à défaut d’être absolument convaincante. Une nouvelle étape pour ce petit théâtre du Proscenium, où l’on sait prendre des risques.

La Cheminée, de Margarit Minkov, traduction Tzena Mileva, mise en scène Pierre Vincent, avec Pascale Poirel et Didier Sipié. Théâtre du Proscenium, 2 passage du Bureau, Paris 11ème. Jusqu’au 22 janvier. Tél : 01 48 40 97 88.

A propos de l'auteur
Stéphane Bugat

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook