Théâtre des Blancs Manteaux (Paris)

La Cantatrice chauve

Loufoquerie dans une bonbonnière

La Cantatrice chauve

La Cantatrice chauve, jolie et légère fantaisie d’Eugène Ionesco, se joue actuellement sur le petit plateau bonbonnière du Théâtre des Blancs Manteaux. C’est cocasse, serré, version loufoque comme probablement tant d’autres. Mais cette fois-ci, il y a un petit cadeau en plus : c’est sympathique et pétillant. Est-ce l’étroitesse du lieu qui confère à la pièce ce caractère si singulier ? Les acteurs, en tout cas, sont excellents. Vêtus de costumes trop courts, ils nous font penser à des enfants ayant grandis avant l’âge. On perçoit, dans le parti pris de mise en scène, des extravagances intériorisées qui ne demandent qu’à se libérer. On devine les comédiens sous l’emprise d’une agréable pression prête à jaillir comme du champagne. Mais ces derniers restent dans une certaine retenue jubilatoire tout en dégageant une énergie capable de repousser les murs. Il émane de ce spectacle une heureuse contrainte à la solde critique du puritanisme et de l’affligeante morale.

Boite à malices

La deuxième originalité de ce spectacle tient à cette ambiance de boite à malices grâce à laquelle le texte prend des proportions encore plus délirantes. Le metteur en scène a trouvé un jeu alternatif qui va du minimalisme à son contraire et qui donne au propos une élasticité loufoque, inventant un sous-langage dont on devient vite complice. Quant aux personnages, ils sont bien croqués, un poil surlignés, s’approchant timidement de la caricature. Ce spectacle évolue ainsi sur le fil du rasoir et les comédiens, tels des funambules du texte, nous font partager la fragilité du plateau. Il y a de belles présences et beaucoup de générosité. Ce spectacle est recommandé à ceux qui boudent le théâtre ou à ceux qui l’ignorent encore. Réconciliation ou découverte, on passe un bon moment. De plus, le lieu est accueillant et chaleureux. Dans ce petit théâtre des Blancs Manteaux, on retrouve la convivialité des cafés-théâtre d’autrefois.

La Cantatrice chauve, d’Eugène Ionesco, mise en scène : Arnaud Denis. Avec Jean Pierre Leroux, Géraldine Azouélos, François Mougenot, Florence Fontaine, Caroline Clerc, Alexandre Guansé, Jacques Ciron et Arnaud Denis. Théâtre des Blancs Manteaux, jusqu’au 1er Octobre. Tél : 01 48 87 15 84.

A propos de l'auteur
Jacky Viallon
Jacky Viallon

Jacky Viallon aurait voulu être romancier à la mode, professeur de lettres ( influencé par les petites nouilles en forme de lettres qu’on lui donnait tout petit dans sa soupe et qu’il taquinait avec sa grande cuillère en argent symbole d’une grande...

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