Comédie des Champs-Elysées

L’Ile au trésor

En route pour l’aventure

L'Ile au trésor

Une île lointaine où se cache un trésor... Il n’en faut pas davantage pour éveiller la curiosité des enfants. Ah, la fameuse carte indiquant d’une grosse croix rouge tracée sur les océans, l’emplacement d’un coffre... C’est le point de départ du spectacle L’Ile au trésor, librement inspiré du roman éponyme de Stevenson, œuvre qui fascine depuis plus d’un siècle les enfants du monde entier. Dès l’instant où une jeune femme prend possession de cette carte, le public est plongé au cœur d’un ballet de personnages haut en couleurs, des gentils un peu méchants et des méchants presque gentils : pirates, moussaillons, capitaine, chevalier pédant et docteur baroque, sans oublier la douce et jolie aventurière.

Périple burlesque

Le spectacle débute par une scène sombre où complotent des personnages. Le climat est inquiétant, l’ambiance est obscure. Le public se tasse dans les fauteuils. Les premières minutes, disons-le, ne sont pas follement enthousiasmantes. Et pour être tout à fait honnête, à ce stade, on redoute même le pire... Pourtant, c’est bien le meilleur que va nous offrir ce spectacle : une adaptation drôle et dynamique du roman de Stevenson, des gags en rafales, des situations déroutantes et des personnages ahurissants, le tout sur un rythme débridé. Pour le suspens, en revanche, on repassera. Il faut dire qu’on se laisse si facilement porté par la malice des combines et le burlesque du périple qu’on ne se soucie même plus de savoir quel est l’hurluberlu qui mettera finalement la main sur le trésor. La mise en scène, signée Ismaël Djema, est remarquable, qui compose avec de belles lumières et d’astucieux décors, tout en faisant la part belle aux mouvements des personnages. Chaque scène est habilement orchestrée, voire esthétisées, depuis les combats quasiment dansés, jusqu’aux chassés-croisés superbement composés. Saluons aussi la performance des acteurs qui semblent se glisser avec aisance dans la peau de leur personnage.

Personnages loufoques

Le Docteur Livesey, interprété par Pascal Lifschutz, est un homme du monde aux allures de mégère, bienséant autant qu’insolent, ampoulé au possible et cabotin à l’extrême. Bruno Negri est le chevalier Trelawney, un dandy scélérat d’une mièvrerie confondante, prêt à toutes les fourberies pour empocher le magot. Christian Pelissier, lui, apporte à son capitaine Smollet tout ce qu’un vieux loup de mer peut avoir de fascinant : voix rauque, regard perçant et gestes grandiloquents. L’acteur donne à son personnage une telle épaisseur que ses attitudes, aussi imprévisibles les unes que les autres, le rendent autant menaçant qu’hilarant. Jérôme Paquatte est Long John Silver, ténébreux à souhait, inspirant la frousse par sa seule présence et la moquerie par ses moindres maladresses. Sans oublier Simon Gleizes qui interprète Ben Gun, une sorte de Tarzan belle gueule roulant des mécaniques, et Marie-Laure Girard, qui confère à sa Jane Hawkins ce qu’il faut de douceur et de témérité. L’adaptation d’Alfred Cohen et Ismael Djema réussit l’exploit de créer, à partir d’un légendaire roman d’aventure, des scènes toutes plus cocasses les unes que les autres, sur un rythme soutenu et avec certaines références contemporaines. Le propos, émaillé de clins d’œil désopilants à destination des plus grands, mêle subtilement des considérations d’adulte (une course au profit somme toutes) à un humour très enfantin. Enfants et parents rient de concert aux péripéties baroques de ces personnages loufoques.

Ah au fait ! on peut maintenant vous dire qui découvre finalement le trésor... C’est le public de la comédie des Champs-Elysées où se joue cette bien belle aventure jusqu’au 30 décembre prochain.

L’Île au trésor, librement inspiré du roman de Robert Louis Stevenson, adaptation d’Alfred Cohen et Ismaël Djema, mise en scène d’Ismaël Djema. Avec Marie-Laure Girard, Simon Gleizes, Pascal Lifshutz, Bruno Negri, Jérôme Paquatte, Christian Pelissier. Décors : Loïc Leroy. Costumes : Sophie Bernhardt. Arrangements musicaux : Rough Cut. Comédie des Champs Elysées, jusqu’au 30 décembre 2006. Renseignements : 01 42 17 05 23.

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Najett Maatougui

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