L’Ecume des jours de Paul Emond d’après Boris Vian
L’amour et le jazz
Quand, en 1947, à 26 ans, Boris Vian écrit son premier roman d’amour, il ne met pas ses pas dans les traces des autres jeunes chantres de la passion. Il s’amuse, il délire, il transforme la réalité, change les objets et les couleurs. Il déclare tout de go que, dans la vie, il n’y a que les jolies femmes, le jazz et notamment celui de Duke Ellington. A partir de cette conviction, il invente la rencontre de Colin qui s’éprend de Chloé, jeune femme rayonnante mais dont le poumon, malade, est occupé par un nénuphar grandissant. Colin entreprend tout pour sauver Chloé mais la mort aura le dernier mot. Colin survivra, mais si malheureux, si défait... Heureusement ils auront tous vécu, eux et leurs amis, dans le monde du jazz et au milieu d’un cercle intellectuel dont « Jean-Sol Partre » est l’idole !
L’écrivain belge Paul Emond n’a pas cherché à structurer vraiment le livre en pièce de théâtre. Il a structuré les épisodes, les interprètes content l’histoire et peuvent changer de personnages. Ils doivent aussi chanter, beaucoup. Dans un décor de papier peint découpé avec malice, Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps ont conçu un spectacle qui est plus un récital littéraire et musical qu’une représentation obéissant aux lois nerveuses du genre dramatique. La soirée, moins élaborée que l’excellente Poupée sanglante de Gaston Leroux que l’on avait pu voir l’an dernier dans ce même théâtre de La Huchette, repose avant tout sur ses acteurs-chanteurs. Roxane Bret, Maxime Boutearon et Antoine Paulin ont la jeunesse des héros du livre de Vian, une tendresse, une mobilité, une joliesse, une plasticité que l’on peut compresser en une seule formule : ils ont un charme fou.
L’Ecume des jours de Boris Vian, adaptation de Paul Emond, mise en scène de Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps, scénographie d’Erwan Creff, costumes de Julia Allegre, musique de Gilles-Vincent Kapps, avec Roxane Bret, Maxime Boutearon et Antoine Paulin.
La Huchette, 21 h, tél. : 01 43 26 38 99. (Durée : 1 h 20).
Photo Laurencine Lot.