L’Autre Galilée de Cesare Capitani
Seul contre tous
Y aurait-il un autre Galilée que celui que nous connaissons, gloire de l’Italie, découvreur de nouvelles données sur le monde céleste aux XVIe et XVIIe siècle ? Par ce titre offensif, L’Autre Galilée, Cesare Capitani entend nous faire découvrir la face cachée de la planète Galilée, c’est-à-dire sa réalité de scientifique souvent en butte avec les autres savants et contesté au nom des vérités de l’Eglise. C’est aussi un homme privé qui change de ville pour obtenir l’aide des puissants et a des enfants dont il s’occupe à distance (ses deux filles seront religieuses dans un couvent). On sait qu’il feignit de reconnaître ses erreurs pour ne pas avoir davantage d’ennuis avec le pouvoir ecclésiastique et pontifical. L’auteur se fait un plaisir de rappeler que le Vatican avoua l’an dernier son erreur : quatre cents ans plus tôt, Galilée avait raison, et avoir sussuré après son abjuration : « Et pourtant elle tourne » (la terre) était bien une parole de vérité, de plus en plus évidente à mesure que le temps a passé.
Le spectacle qu’a écrit et que joue Cesare Capitani est un monologue qui traverse le temps et se moque d’une trop grande rigueur chronologique. Utilisant juste quelques symboles, comme des sphères en bouquet représentant des planètes, Capitani est seul en scène comme l’astronome était seul contre tous. Son évocation est joyeusement ironique quand il s’agit de rire des adversaires de Galilée et du clan chrétien, passionnée quand il est question de la quête scientifique. L’acteur a beaucoup de charme et d’allant. Sa promenade dans le passé et la biographie oubliée d’un génie n’a pas l’ambition que pouvait avoir un Brecht quand il écrivit son Galileo Galilei (mais Capitani pense à le citer) ni celle d’un Jean-François Peyret déplaçant le projecteur sur l’une des filles de Galilée, Virginia, bien malheureuse en son couvent. C’est un tableau simple, juste, chaleureux. Capitani en donne deux versions : en italien (un jour par semaine) et en français. Nous avons vu la version italienne, très compréhensible, sans mots difficiles, pour qui connaît un peu le langage de nos voisins. Qu’il soit dans une langue ou dans une autre, le portrait est enjoué, vif et plaisant comme la réponse des saltimbanques aux potentats qui emprisonnent les esprits originaux et la vérité.
L’Autre Galilée de Cesare Capitani, mise en scène de Thierry Surace, musique d’Antonio Catalfamo, lumières de Dorothée Lebrun, costumes de Vjollce Bega, avec Cesare Capitani.
Lucernaire, 18 h 30, du mercredi au samedi représentations en français, le mardi en italien, tél. : 01 45 44 57 34, jusqu’au 12 mars. (Durée : 1 h 10).
Photo Jessica Astier.