Madrid teatro Real

Il barbiere di Siviglia de Gioacchino Rossini

Une ouverture en douceur de la saison madrilène

Il barbiere di Siviglia de Gioacchino Rossini

Le Teatro Real ouvre ses portes cette saison avec la reprise de la mise en scène du Barbiere di Siviglia signée Emilio Sagi, dont la « première » eut lieu à Madrid en 2005. On l’a vue aussi au Théâtre du Châtelet à Paris (voir la critique 2648 de Caroline Alexander du 25 janvier 2011).

Au total donc un excellent choix pour ouvrir en douceur la saison qui se poursuivra avec Die Eroberung von Mexico œuvre peu connue de Wolfgang Rhim et qui doit culminer avec la création mondiale Brokeback Mountain de Charles Wuorinen.

Comme à son habitude, Emilio Sagi, -« Allegro ma non troppo »-, est parti d’une mise en scène tout à fait traditionnelle –décors, costumes, direction d’acteurs-, en a simplifié les contours et allégé les détails ; il a ajouté des pointes d’humour ici et là et des actions secondaires jamais en désaccord avec l’action principale. Pour exemple, les chorégraphies, issues du folklore andalou ajoutées aux chœurs du premier tableau qui nous rappellent que l’action se déroule dans une rue sévillane. Sans chercher nullement l’originalité à tout prix, Emilio Sagi nous offre une Séville bien éloignée de celle de Coline Serreau à contenu idéologique, (voir la critique de Caroline Alexander 497 du 13 janvier 2005) ou de celle, gratuitement grand-guignolesque, de Frédéric Bélier-Garcia (voir la critique 2466du 30 septembre 2010). Par la direction, très précise, de ses acteurs, le travail de l’asturien s’éloigne également de celui de Jean François Sivadier (voir la critique 3741du 21 mai 2013) où chaque acteur donnait l’impression d’être totalement libre de l’interprétation de son personnage.

Un « Barbiere » sans barbier. Un orchestre à la dérive.

La soirée a mal commencé : d’abord on a annoncé que le baryton Mario Cassi (Figaro) souffrant, assurerait néanmoins la représentation, ensuite le Directeur Tomas Hanus a entamé la représentation par une ouverture sans éclat. Ces présages d’une nuit difficile se sont confirmés tout au long de la soirée. Même si Mario Cassi a réussi tant bien que mal à camper un Figaro acceptable (compte tenu de son état de santé), l’orchestre, malgré la grande pureté des premiers violons, obéissant aux indications du « maestro », n’a pas réussi à se défaire de la langueur de l’ouverture. Les solistes –à l’exception de Serena Malfi (Rosina), qui a imposé sa personnalité à chaque instant- ont souffert de cet état de choses.

Une distribution irrégulière, pas à la hauteur des circonstances.

Autre déception, le manque d’assurance vocale de Dmitry Korchak (Almaviva). Certes le ténor a montré un timbre très pur, notamment dans le medium, mais il a été très hésitant lors de ses deux premières interventions et il a eu du mal à tenir le rôle ; finalement s’appuyant sur Serena Malfi (toujours elle) il a progressé quelque peu au cours de la nuit. La mezzo Serena Malfi aura donc été le point fort de la représentation. Sa tessiture grave et son timbre un peu voilé ont donné vigueur et mystère au personnage ; grâce à la justesse de son émission, à son leadership lors des passages d’ensemble et surtout à l’ascendant qu’elle a pris sur l’orchestre, elle a réussi contre vents et marées à transmettre émotion et dynamisme à la salle. Bruno de Simone (Bartolo), n’a pas pu cacher longtemps la fatigue de sa voix, mais, très à l’aise sur scène –rien ne peut remplacer l’expérience-, il a bien tiré son épingle du jeu par ses mimiques expressives et de bon aloi. C’est aussi par son jeu qu’Eduardo Carranza (Ambrogio) a conquis le public en valet lubrique aux côtés de Susana Cordón, (Berta) lors de la chanson –toujours très appréciée du public- de la bonne à tout faire. Les deux artistes ont offert trois minutes désopilantes, bien jouées et bien chantées aussi. L’air de la calomnie a joui d’une mise en scène élaborée que la personnalité de Dmity Ulyanov (Don Basilio), en la sur-jouant, n’a pas pu mettre totalement en valeur.


Il barbiere di Siviglia, opéra en deux actes de Gioacchino Rossini, livet de Cesare Sterbini d’après Le Barbier de Séville de Beaumarchais. Chœur et Orchestre titulaires du Teatro Real de Madrid. Coproduction de l Teatro Real et le Théâtre São Carlos de Lisboa. Direction musicale Tomas Hanus. Mise en scène Emilio Sagi. Scénographie Llorenç Corbella. Costumes Renata Schussheim. Chorégraphie Nuria Castejón. Avec (en première distribution) Dmitry Korchak, Bruno de Simone, Serena Malfi, Mario Cassi, Dmitry Ulyanov, Isaac Galán, Susana Cordón, José Carlo Marino et Eduardo Carranza
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Madrid - Teatro Real, les 14, 15, 17, 18, 19, 21, 22, 23, 25 , et 26 septembre 2013.

www.teatro-real.com - 00 34 902 24 48 48 (renseignements) - 00 34 902 24 48 48 (location)

Photos : Javier del Real

A propos de l'auteur
Jaime Estapà i Argemí
Jaime Estapà i Argemí

Je suis venu en France en 1966 diplômé de l’Ecole d’Ingénieurs Industriels de Barcelone pour travailler à la recherche opérationnelle au CERA (Centre d’études et recherches en automatismes) à Villacoublay puis chez Thomson Automatismes à Chatou. En même...

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