Françoise Masset chante Orazio Michi
La soprano Françoise Masset fait renaître la ferveur et la douleur comme on les chantait à Rome au XVIIe siècle.
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- 7 novembre 2013
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Connaissez-vous Orazio Michi dell’Arpa ? Sans doute non. Car ce compositeur né en 1595 non loin de Naples, passé très tôt au service de différents cardinaux, virtuose de la harpe et mort à Rome en 1641, est aujourd’hui presque oublié. Il a pourtant contribué, dans la foulée de l’invention de l’opéra (la Dafne de Péri date de 1597, l’Orfeo de Monteverdi de 1607, l’Ormindo de Cavalli de 1644), au renouvellement de l’expression en musique, à laquelle les siècles précédents avaient préféré la science et le culte de la forme.
Dans un récent enregistrement conçu comme un portrait de Micchi, Françoise Masset, tour à tour élégiaque, mélancolique et embrasée, ressuscite le sens du drame et de la douleur de ce musicien qui raconte les délicieux malheurs de l’amour. Nanja Breedijk et Rémi Cassaigne, avec elle, font vibrer les instruments à cordes pincées et nous offrent des pièces instrumentales de Kapsberger, Frescobaldi et autre Trabaci, comme autant de plages de repos ou de méditation entre un chant d’amour ardent et une prière non moins passionnée. Car dans le véhément Sonetto della morte di Christo, dans Su duro tronco conçu comme une déploration, ou dans Empio cor, où passe toute une panoplie d’affetti empruntés au théâtre, l’emportement et la dévotion ne font qu’un.
Orazio Michi dell’Arpa : « E che vuoi piu ? » Françoise Masset, soprano ; la Gioannina (Nanja Breedijk, harpe triple ; Rémi Cassaigne, luth, guitare et théorbe). 1 CD Agogique AGO 013.