Salle Médicis - Sénat, le 17 février 2007

François Bayrou s’empare de la culture.

Rencontres culturelles de l’UDF

François Bayrou s'empare de la culture.

Après le colloque intitulé “Co-développement et coopération partenariale” du 30 janvier 2007, l’UDF organisait au Sénat, le samedi 17 février 2007, des “Rencontres culturelles, dialogue avec les acteurs du monde de la culture”.

A deux mois des élections présidentielles, la journée a pris évidemment une dimension particulière. Une façon pour François Bayrou, présent tout au long de la journée, de replacer la culture au centre de l’action et du débat présidentiel. Constatant la fin d’une époque, il a clôturé le colloque en appelant à la définition d’une nouvelle politique culturelle pour le XXIème siècle. Considérant que la culture ne pouvait être soumise aux simples lois du marché, il a également affirmé son attachement à l’exception culturelle.

Au programme de la journée, 3 tables rondes, devant une salle comble.

La première table ronde a pour thème l’”Organisation des territoires, répartition des compétences et des financements”. Philippe Urfalino (Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales) évoque le “pouvoir causal” de l’Etat à travers les subventions et sa “fonction normative”. Laurent Petitgirard (compositeur et chef d’orchestre) est le premier a parler du public. Il considère que le soutien de l’Etat induit une responsabilité vis à vis de la fréquentation, et qu’il s’agit d’une question de première importance. Participe également à cette table ronde Alain Fleury (directeur artistique de la compagnie Alias Victor). Au cours d’une longue intervention il nous parle de son métier et de toutes les difficultés que rencontre une compagnie indépendante. Il appelle à une forme juridique nouvelle et adaptée ; parle des problèmes de diffusion, de la répartition des pouvoirs de décision en regard des “scènes structurantes” et des critères de décision, sans oublier le rapport au public.

Petit à petit s’esquisse, sous des éclairages différents, l’image d’un spectacle vivant riche et dynamique en contrepoint d’une institution inadaptée et souffrante.

Bernard Latarjet (ex-Président du parc de la Villette) débute son intervention par un triple constat. L’ensemble des charges fixes augmentent plus vite que les crédits publics ; La dégradation du rapport entre la création/production et la diffusion ; L’équilibre/déséquilibre des subventions entre l’Etat (18 %) et les collectivités territoriales (82 %). Il regrette de voir des scènes sans artiste et des artistes sans scène. Il propose plusieurs pistes de réflexion : Redéfinir les labels et les missions des institutions (qui ont 50 ans) et créer un “compte de soutien”.

Jean-Pierre Saez (Directeur de l’Observatoire des politiques
culturelles) estime que l’Etat a notamment un rôle d’évaluation et de correction territoriale.

La deuxième table ronde a pour sujet “L’artiste dans la société”. Jean-Philippe Collard (pianiste) considère la liberté d’expression de l’artiste comme un privilège. Il insiste sur le rôle fondamental des artistes dans l’éducation artistique. Il souhaite également que les artistes soient les propres acteurs de la politique culturelle.

Francis Peduzzi (Président du Syndéac) pose la question de la coproduction des politiques culturelles entre les différents acteurs (État et collectivités). D’autre part, en réponse à Bernard Latarjet qui proposait des mariages à la fois d’amour et de raison dans le rapprochement d’équipes lors de la création de spectacles, il ne veut garder, quant à lui, que l’amour.

Marc Slyper et François Bayrou

Marc Slyper (secrétaire général du Syndicat national des artistes musiciens - C.G.T.) alerte le public sur la précarité grandissante des artistes et des techniciens et constate l’échec de la mobilisation des intermittents du spectacle. Reconnaissant la part de l’assurance chômage dans la production des spectacles, il appele a une réflexion sur le financement des activités culturelles.

L’image de l’artiste, dans la société et dans les médias, est elle aussi évoquée.

Après le déjeuner se tient la troisième table ronde “Transmettre la culture”.

Très éloquent, Robin Renucci (réalisateur, acteur, scénariste) présente l’éducation artistique comme une rencontre. Il insiste sur la nécessité de former à la fois les enseignants aux disciplines artistiques et les artistes à la transmission du savoir. Jean-Pierre Loriol (Délégué national de l’Association nationale de Recherche et d’Action théâtrale) cite Jean Cau, considérant l’éducation artistique comme “le chaînon manquant dans la transmission”. Les enjeux sont d’importance : pédagogiques, artistiques, culturels, idéologiques. François de Mazières (Adjoint au Maire de Versailles, délégué à la culture et à l’animation culturelle) s’inquiéte de la segmentation de l’accès à la culture et que cette question relevait du rôle de l’Etat unificateur à travers l’éducation artistique.

Robin Renucci et Jean-Marie Cavada

Jean-Claude Carrière (écrivain) pose la question : “Que faut-il enseigner ?” Il constate, qu’aujourd’hui, plus il est facile de créer, plus il est difficile de faire une œuvre. De son point de vue, l’enseignement artistique doit évoluer et s’adapter. Pour Anne Queffélec (pianiste) transmettre la culture s’est s’adresser à l’élite intérieure présente en chacun de nous.

François Bayrou clôture enfin la journée en s’interrogeant tout d’abord sur notre société qui permet que des pressions répétées soient exercées sur des intervenants souhaitant participer à un colloque sur la culture. (Plusieurs intervenants se sont excusés au dernier moment, notamment Jorge Semprun).

Plaçant la culture au centre de son action, il souhaite en faire un sujet principal du débat qui a lieu. Il articule son projet autour de trois axes : le patrimoine, l’aide et le soutien à la création, et la transmission.

A propos de l’intermittence, il s’est engagé à faire adopter la proposition de projet de loi sur l’assurance chômage des intermittents du spectacle comme point de départ d’une refonte du système.

François Bayrou, a rendu hommage aux hommes et aux femmes qui ont, depuis 50 ans, participé au développement de notre politique culturelle, et parmi lesquels André Malraux et Jack Lang. Cependant, considérant qu’aujourd’hui le pays n’a plus de politique culturelle digne de ce nom, il propose la tenue d’”État généraux de la culture” afin de définir la politique culturelle du XXIème siècle.


Discours de François Bayrou
A propos de l'auteur
Gilles Dumont

Laisser un message

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

S'inscrire à notre lettre d'information
Commentaires récents
Articles récents
Facebook