jusqu’au 13 octobre.
Fin de série de Jean-Claude Cotillard
Les désœuvrés
Jean-Claude Cotillard incarne une forme de théâtre assez peu représentée en France : l’art gestuel, la pantomime moderne, le burlesque que réinventa le cinéma et que le théâtre réinvente à son tour. Aujourd’hui, avec deux complices, il fait un spectacle sur les vieux. Sur les gens âgés, leur solitude, la monotonie de leur vie, leurs rêves qui sont souvent tombés, il y a à dire, il y a à jouer. Cotillard ans co ne s’en privent pas. Tandis que le chat – une peluche ! mais elle miaule ! - dort à l’avant-scène, dans un appartement désolant de conformisme , un couple fatigué vit en parallèle. Une vie de désœuvrés. Les gestes de chacun sont mécaniques. Quand la femme peut nuire (pour rire un peu) à son mari, elle ne se gêne pas. Quand l’homme peut sortir de la maison, il prend vite la porte. Les journées sont rythmées par le passage de démarcheurs qui viennent plumer ces retraités. On vient même leur proposer des cercueils dernier modèle…
Fin de série, quel titre à l’humour terrible ! De fait, le spectacle est plus sarcastique que tendre. Un acteur vêtu de noir, Alain Boone, joue les visiteurs, ces passants qui ne viennent que pour faire payer le couple sans défense : lui parle, même s’il ne finit pas ses phrases ! Jean-Claude Cotillard et Zazie Delem incarnent les deux conjoints, le premier le visage fermé sur un sourire un peu dur, la seconde l’air las et le corps qui, tout à coup, se réveille. Des airs de musique exotique interviennent en contrepoint pour nous dire : la fête est ailleurs ! L’ensemble pourrait passer pour une suite de sketches, mais il y a aussi une atmosphère, cette sensation d’échec, de tristesse où s’inscrivent ces deux vies. On peut regretter que l’évocation de la monotonie semble parfois monotone. Mais il y a tant de moments forts et bien vus, tels que l’ouverture des sacs de médicaments – ce passage-là est grandiose !
Fin de série , conception et mise en scène de Jean-Claude Cotillard…Avec Alain Boone, Jean-Claude Cotillard, Zazie Delem. Atalante, tél. : 01 46 06 11 90, jusqu’au 10 JANVIER à 19h30. (Durée : 1 h 15).
Photo (c) Géraldine Aresteanu
