Paris, Théâtre de la Ville du 4 au 15 juin 2012

Chantiers d’Europe Grèce /Italie

Avec vues sur sale temps

Chantiers d'Europe Grèce /Italie

Voix solaire et guitare incandescente, Angélique Ionatos, figure majeure de la diaspora grecque a choisi les poètes de son pays pour en redessiner, à sa manière, tout un paysage culturel. Depuis toujours, ils sont son socle nourricier et au premier rang de ceux-ci, Elytis, son préféré, qui lui inspira notamment Marie de Brumes et Sappho de Mytilène couronné par le Grand Prix Charles Cros.
Aujourd’hui, plus que jamais affirme Angélique Ionatos, est venu le temps de la résistance, de lutter contre les méfaits du monde avec les armes de la poésie et de permettre aux rêves de prendre leur revanche. Elle le fait en chantant Yannis Ritsos, Cavafis, Kostis Palamas, mais aussi Nazim Hikmet, Pablo Neruda. Musicienne aux sonorités ciselées de modernité et de populaire, elle aime à croiser les univers, et outre Gaspar Claus au violoncelle, c’est en compagnie de Katerina Fotinaki que nous la retrouverons sur la scène du Théâtre de la Ville (13 juin).
L’une voix grave, l’autre au timbre plus cristallin capable de transformer sa guitare en véritable orchestre, toutes deux larronnes en foire sur le chantier de leur art, unies par un même amour de la poésie et de leur langue.
Chanteuse en grec, mais conteuse en français, Angélique Ionatos jette des ponts entre ses compagnons poètes et nous, nous les fait d’autant plus familiers, qu’elle émaille ses traductions de remarques aussi incisives que drôles sur ce qui nous relie à son pays.

Cette saison, Chantiers d’Europe retrouve une fois encore l’Italie et braque ses projecteurs sur la Grèce. En ces temps où la dette et la crise économique chamboulent l’Europe et mettent en péril le berceau même de la démocratie, il est bon de savoir ce qu’il en est des artistes, de leur place et ce qu’ils ont à dire. Une quinzaine de manifestations, théâtre, performances, concerts, lectures, nous donnerons quelques réponses (du 4 au 15 juin).

Croisement des regards

Parmi les spectacles grecs : To Diplo biblio (Le Double livre) d’après le roman de Dimitris Hatzis, dont le héros décide d’émigrer en Allemagne pendant la dictature des Colonels. A travers ses pérégrinations qui traversent l’histoire politique grecque contemporaine, c’est « une méditation sur la place de l’homme dans le monde d’aujourd’hui » que propose le spectacle (7- 8 juin).
L’histoire du XXe siècle encore avec le Blitz Theatre Group, mais racontée à travers une revue délirante, Guns ! Guns ! Guns !, mixée de discours, de chansons populaires, de théâtre, de films et où défilent aussi bien des personnalités historiques que des icônes de cinéma (8 Juin). C’est l’histoire d’Athènes, de l’Antiquité à nos jours, que raconte Poli-Kratos (Ville-Etat), de la compagnie Kanigunda. Par la voix de personnages allégoriques, le spectacle aborde quelques sujets tabous en Grèce et épingle les décisions et malversations qui ne sont pas étrangères à la crise que traverse actuellement le pays (14 -15 juin).

Des spectacles venus d’Italie Fatzer Fragments/ Getting Lost Faster de Bertolt Brecht, en français La Chute de l’égoïste Johann Fatzer. Cette pièce, que Heiner Müller considérait comme un des textes majeurs du XXe siècle, met en scène, pendant la Grande Guerre, quatre soldats déserteurs qui se cachent en attendant une révolution qui ne vient pas. Le metteur en scène Fabrizio Arcuri en propose une lecture percutante nourrie de l’actuelle situation sociale et politique de l’Italie (6 -7 juin).

On regardera avec curiosité The Plot is the revolution qui scelle la rencontre de la fondatrice du Living Theatre, Judith Malina et d’une jeune actrice italienne, Silvia Calderoni. Autour du personnage d’Antigone, il y est question de théâtre et de l’engagement politique de l’acteur. Au détour, surgissent quelques interrogations, telle celle-ci, qui n’est pas des moindres, « Existe-t-il des espaces de véritables révolutions dans notre Occident assoupi ? » (9 juin).

Tout commencera par un hommage à Théo Angelopoulos et une lecture du scénario La Poussière du temps, avec notamment, Irène Jacob, Laurent Poitrenaux, Hugues Quester, André Wilms, une belle affiche en vérité (4 juin).

Chantiers d’Europe Grèce/ Italie
Théâtre de la Ville du 4 au 15 Juin
Tel : 01 42 74 22 77
www.theatredelaville-paris.com

A propos de l'auteur
Dominique Darzacq
Dominique Darzacq

Journaliste, critique a collaboré notamment à France Inter, Connaissance des Arts, Le Monde, Révolution, TFI. En free lance a collaboré et collabore à divers revues et publications : notamment, Le Journal du Théâtre, Itinéraire, Théâtre Aujourd’hui....

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