Black Legends, le musical de Valery Rodriguez

Une aimable fresque musicale

Black Legends, le musical de Valery Rodriguez

Dans son nouveau spectacle Black Legends, joué actuellement au théâtre Bobino, Valery Rodriguez, metteur en scène, auteur et interprète, tente de lier l’histoire des Noirs américains et l’évolution de la culture musicale afro-américaine, pour exprimer son indignation contre les injustices et le racisme dont a été victime cette population.
Si le projet était ambitieux, surtout au regard d’une thématique qui a fait l’objet de comédies musicales renommées comme Showboat, Porgy and Bess, Dreamgirls ou plus récemment The Color Purple ou Hamilton, le résultat est finalement peu probant. La succession de 36 tableaux reprenant des événements ou personnages marquants de l’Histoire afro-américaine, de l’édiction du Code noir à l’élection de Barack Obama, ne suffit pas à créer une intrigue visant à critiquer et dénoncer les injustices raciales. Les enchaînements entre chaque scène sont souvent artificiels ou inexistants, et révèlent une trame narrative pauvre qui ne craint pas les clichés. Le choix d’un répertoire constitué des plus grands « tubes » de la musique afro-américaine permet certes d’inviter le public à s’émouvoir et à chanter, mais ne sert en rien le message du spectacle. Ainsi, Black Legends repose simplement sur la juxtaposition de faits historiques et de chansons « cultes » qui tient plus de la « fresque musicale » que de la « comédie musicale ».
Malgré ce constat, il faut saluer la performance des artistes qui transportent le public dans le temps grâce à des chorégraphies rythmées et des costumes colorés. On est plongé dans l’univers enjoué du « disco » sublimé par l’apparition d’un drag queen vêtu de paillettes – on pense alors à Crystal LaBeija qui dénonça dans les années 70-80 les injustices raciales dans la communauté drag queen – enflammant la piste par un voguing endiablé. On s’avive sur Proud Mary, on danse sur Boogie Wonderland, on s’émeut sur I Always Love You grâce à de belles prouesses vocales et un orchestre exalté.
Black Legends invite ainsi plus au divertissement qu’à l’indignation.

Black Legends . Ecriture, mise en scène et chant Valéry Rodriguez. Chorégraphie et danse Thomas Bimaï. Direction musicale, piano et claviers Christophe Jambois. Costumes Sami Bedioui. Maquillage et coiffure Aude Rodet. Avec Anandha Seethanen, Bary Jonhson, Guillaume Ethève, Kadie Ba, Virignie Hombel, David Dax, Momo Bellance, William Alberi, Cynthia M’Pouma, William Saint-Val, Presher Blue, Keh Mey Sebeloue, Amalya Delpierre-Zemmour, Christian Schummer, Thomas Garcia Alejo Biig Thom. Musiciens Alex Poyet, Aurélien Meunier, Gérald Grandman, Christophe Borilla, Jean-François Bourassin, Michael Karagozian, Thomas Guicquero, Noé Codja, Xavier Sibre, Manu Vince. A Paris, à Bobino, du 29 septembre 2022 au 8 janvier 2023. Photo : Agence Hans Lucas.
www.bobino.fr

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Sophie Prosper

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