Paris – Théâtre de l’Athénée jusqu’au 26 avril

BLANCHE NEIGE de Marius Felix Lange d’après les frères Grimm

Miroirs et sortilèges d’un conte immortel

BLANCHE NEIGE de Marius Felix Lange d'après les frères Grimm

« Miroir, miroir, quelle est la plus belle de tout le pays ? »… Question cruelle qui aimerait faire fi du temps qui passe, ce temps qui grave ses empreintes sur les peaux les plus délicates…La question bat comme un cœur affolé au centre de l’un des contes les plus célèbres du monde de l’enfance : cette innocente Blanche-Neige jalousée par sa belle-mère, refugiée auprès des sept nains qui deviennent ses copains, empoisonnée par une pomme trafiquée, ressuscitée par un Prince Charmant…

Des miroirs de toutes tailles, encadrés d’or, de bois sculptés, tout nus, debout, couchés et même brisés peuplent la Blanche-Neige mise en opéra par le compositeur allemand Marius Felix Lange que l’Opéra Studio, centre de formation de jeunes artistes lyriques de l’Opéra National du Rhin, présente au Théâtre de l’Athénée après sa création à Colmar en décembre dernier.

Les frères Grimm (1785-1863), leurs contes à rêver et à frémir pour petits (et grands) enfants, inspirent décidément les compositeurs. Ceux de la fin du 19ème siècle (Hänsel et Gretel par Humperdinck en 1893 – voir WT du 17 avril 2013) et d’autres de notre temps comme ce Lange de 44 ans, né à Berlin, encore peu connu en France qui s’est forgé une spécialité dans les opéras destinés au jeune public. Blanche-Neige, sa deuxième œuvre lyrique de ce répertoire fut créée à Cologne en version allemande. Pour la production de l’Opéra Studio une traduction française du livret fut élaborée en collaboration avec le metteur en scène Waut Koeken. Elle crépite de drôlerie et d’insolence.

Violon, piano, composition, Marius Felix Lange a beaucoup étudié, et, comme tout homme de sa génération, s’est imprégné de jazz et de cinéma pour lequel il a composé des bandes sons. Sa musique colle aux images. Un peu comme Thierry Escaich pour Claude (voir WT du 10 avril 2013 ), mais évidemment dans un autre contexte et un tout registre, la musique de sa Blanche-Neige agit en forme de gros plans. Chaque personnage a son reflet sonore comme par exemple les sept temps scandés pour les sept nains sur un tambourin. Les percussions rivalisent de trouvailles, triangle, cymbale, glockenspiel, xylophone. Frémissements de la harpe, gazouillis des bois, soupirs des cordes… C’est vif et bigarré, constamment en synergie avec le conte et les personnages qui le peuplent.

Dans les décors de Florian Angerer tout est suggéré en objets symboliques – les miroirs géants pour le château de la Reine, la maisonnette minuscule pour le logis des nains, le cheval à bascule échappé du manège d’une foire pour le destrier du prince. Le miroir ne se contente pas de répondre aux angoisses de la souveraine, il prend chair, il devient homme, la console, la raisonne, lui fournit des spécialistes en beauté, chirurgien esthétique et marchands de produits miracle à injecter sous les pattes d’oie et autres ridules. Les animaux de la forêt ressemblent à des peluches géantes et les nains qui ont taille humaine, avec leurs bonnets et leurs drôles de costumes donnent l’illusion d’être tout petits.

Le metteur en scène flamand Waut Koeken qui avait déjà mis en scène pour l’Opéra Studio un Aladin et la lampe merveilleuse enchanteur – spectacle qui sera repris la saison prochaine à Colmar, Strasbourg et Mulhouse – appose une nouvelle fois son goût pour une féerie sertie d’humour, de gags et même de plaisanteries verbales hilarantes. Il a très adroitement dirigé les jeunes solistes : Marie Cubaynes en Reine marâtre, noire de cheveux et de cœur, Sahara Sloan, joli minois, timbre léger en Blanche Neige un rien oie blanche, Huub Claessens, solide comme un roc en miroir narrateur qui explique ce qui se passe tout en essayant de consoler celle qui a perdu sa beauté, Alexander Schuster le chasseur au grand cœur et tous les nains Api ,Oups, Rubi, Pic, Chouquette, Quartz et Ourson que se partagent Laurent Deleuil, Guillaume François, Anaïs Mahikian, Sévag Tachdjan, Kristina Bitenc, Jérémy Duffaut, Andrey Zemskov, joyeux pensionnaires de cet Opéra Studio venu d’Alsace..

Au pupitre Vincent Monteil, directeur musical de l’Opéra Studio dirige ici les musiciens de l’Orchestre Lamoureux avec le brio et tous les sortilèges d’un conte immortel.

Blanche Neige de Marius Felix Lange d’après le conte des frères Grimm, Orchestre Lamoureux, direction Vincent Monteil, mise en scène Waut Koeken, décors Florian Angerer, lumières Glen D’haenens, costumes Carmen Van Nyvelseet, adaptation française du livret Benjamin Prins et Waut Koeken. Avec Sahara Sloan, Marie Cubaynes, Huub Claessens, Alexander Schuster, Laurent Deleuil, Guillaume François, Anaïs Mahikian, Sévag Tachdjian, Kristina Bitenc, Jérémy Duffau, Andrey Zemskov .

Théâtre de l’Athénée, du 20 au 26 avril 2013


01 53 05 19 – www.athenee-theatre.com

Photos Alain Kaiser

A propos de l'auteur
Caroline Alexander
Caroline Alexander

Née dans des années de tourmente, réussit à échapper au pire, et, sur cette lancée continua à avancer en se faufilant entre les gouttes des orages. Par prudence sa famille la destinait à une carrière dans la confection pour dames. Par cabotinage, elle...

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